📖 CHAPITRE XXVIII
CHARAKA SAMITHA, CHIKISTA STHANA
🌬️ DU TRAITEMENT DES MALADIES DUES À UN DÉSÉQUILIBRE DE L’ÉLÉMENT AIR 🌪️
VĀTAVYĀDHI
"Dans ce chapitre, nous décrirons 🗒️ le traitement des maladies consécutives au dérèglement de l’air (vātavyādhi), ainsi que maître Ātreya l’a exposé. 🧑🏫 [1-2] (note 1).
L’air (vāyu) est l’élément de la vie 💨; il apporte l’énergie ⚡ à tous les êtres. Vāyu est le monde vivant, le maître de tout. 👑 [3] (note 2).
Il existe cinq sortes de vāyu : prāṇa, udāna, samāna, vyāna et apāna. Ils coordonnent les fonctions du corps 🧘♂️, mais chacun d’eux se meut dans son propre espace.
- Prāṇa (ou énergie vitale ascendante) 🌬️ résides dans la tête 🧠, le thorax, la gorge, la langue, la bouche 👅 et le nez 👃. Il a pour fonctions l’expectoration, l’éternuement, l’éructation, la déglutition, la respiration, la digestion 🍔, etc.
- Udāna (ou énergie vitale de la toux) 🗣️ se situe dans l’ombilic, la poitrine et la gorge. Il assure l’élocution, l’effort 💪, l’énergie, la force, la carnation, etc.
- Samāna (ou énergie vitale digestive) 🔥 est localisé dans les canaux où circulent la sueur 💦, les doṣa et les différents fluides corporels. Ayant son siège dans la zone du feu digestif, il assure la puissance à ce feu (agni).
- Vyāna (ou énergie vitale diffuse) 🏃♂️ parcourt très vite l’ensemble du corps, agit sur tous les mouvements, les dilatations et les contractions, le mouvement des paupières 👁️, etc.
- Apāna (ou énergie vitale descendante) ⬇️ résides dans les testicules, la vessie, le pénis, l’ombilic, les cuisses, les aines et l’anus. Sa fonction est celle de l’expulsion du semen, de l’urine, des matières fécales, du sang menstruel 🩸 et du fœtus, enfin de tout ce qui se trouve dans la zone des entrailles.
Équilibrées et maintenues dans leurs sièges, ces énergies de l’air accomplissent leurs fonctions normales permettant au corps d’éviter l’agression des maladies 🏥. [5-11]
Mais si ces énergies se déroutent et sont déséquilibrées, elles affligent le corps en provoquant des affections selon l’endroit où elles se fixent et les fonctions qui leur sont propres 🤕. C’est ainsi que la vie ne tarde pas à quitter le patient 💔.Bien que les affections causées par les dérèglements de vāta soient innombrables, les plus importantes, telles que l’effritement des ongles 💅, etc., sont au nombre de quatre-vingts.
Cela étant dit, nous allons préciser maintenant, en d’autres termes, comment vāyu peut être maîtrisé lorsqu’il envahit la totalité de l’organisme. Voici son étiologie et son traitement 💊. [12-14]
De nombreuses causes aggravent l’élément air (vāyu) : la consommation d’aliments secs et grossiers, froids 🍨, trop légers et en trop faible quantité ; l’abus de pratiques sexuelles et de veilles 🛌; les erreurs thérapeutiques ; une élimination excessive des impuretés et du sang ; les activités physiques trop intenses comme le saut, les courses d’obstacles, les voyages 🧳, le sport 🏋️♂️; le dépérissement des constituants corporels (dhātu) ; l’amaigrissement dû à l’anxiété 😨, au chagrin et à la mauvaise santé 🩺 ; l’inconfort des lits et des sièges ; la colère 😡, les siestes, la peur 😱; l’arrêt des fonctions naturelles, la gastrite (āmadoṣa), les blessures 🤕, le jeûne, les accidents touchant les organes vitaux ; les chutes de cheval, d’éléphant ou de véhicules rapides 🚗. Toutes ces choses déterminent des « conséquences aggravantes pour l’air qui sature alors les canaux de circulation des fluides. Il s’ensuit de graves affections, localisées dans tout le corps. [15-18].
Les symptômes ne sont pas toujours évidents, mais on remarque des signes avant-coureurs (pūrvarūpa). Quand ils se manifestent, on reconnaît la véritable nature de la maladie 😷. Même si les signes sont peu apparents, cela indique que l’affection est bien présente. [19]
Voici les symptômes caractéristiques d’un dérèglement de vāta : contractures, raideur des articulations, horripilation, douleurs dans les os et les articulations, délire, rigidité des mains, du dos et de la tête, claudication, rhumatismes, dos bossu, sécheresse des organes, insomnie 😴, destruction du fœtus, du sperme et des ovules ; fortes pulsations, engourdissement, affaissement de la tête, du nez, des clavicules et du cou, douleurs violentes et perçantes, fatigue, convulsions, confusion mentale et épuisement 🥴. [20-23].
En raison de la spécificité de ses causes et de sa localisation, le dérèglement de l’air (vāyu) détermine des affections précises.
Quand vāyu 🌬️ se fixe dans l’intestin 🍔 et est vicié, cela provoque une rétention des urines 🚽 et des selles 💩, une hernie (bradhna) 🎈, des désordres cardiaques ❤️🩹, des tumeurs abdominales (gulma) 🦠, des hémorroïdes et des douleurs dans les côtes 💔.
Si le dérèglement de vāta 🌪️ est généralisé, on éprouve des douleurs brisantes 💔 avec des tremblements 🥴 dans les membres et les articulations accompagnés de sensations de brisure.
Quand le dysfonctionnement de vāta 🌪️ se situe dans l’anus 🍑, on remarque une rétention des selles 💩 et des urines 🚽, des gaz 💨, des coliques 😖, du météorisme 🎈, la présence de calculs 🪨, des douleurs 😣 et une dégradation des jambes 🦵, des cuisses, de la région sacrée, des pieds 🦶 et du dos 🦴.
Lorsque l’air 🌬️ se fixe dans l’estomac (āmāśaya) 🍽️, le patient éprouve une douleur dans le cœur 💔, le nombril, les côtes et l’abdomen, une soif intense 🥵, des vomissements 🤮, des coliques de type cholérique (visūcikā) 😖, de la toux 🤧, une sécheresse de la gorge et de la bouche 🏜️ et de la dyspnée 😮💨.
Quand le dérèglement de l’air 🌪️ s’établit dans le côlon (pakvāśaya) 🌰, il produit des borborygmes 🗯️, des coliques 😖, du météorisme 🎈. L’urine 🚽 et les selles 💩 sont évacuées avec difficulté. On constate un durcissement du ventre 🪵 et une douleur dans la zone sacrée 🎯.
Si l’air vicié 🌬️ se fixe sur un organe sensoriel, comme l’oreille 👂, etc., la sensation disparaît 🙈.
Si l’air vicié 🌬️ s’établit dans l’épiderme 🏜️, la peau devient dure, craquelée, engourdie ; elle s’épaissit 🏞️.
Des douleurs perçantes apparaissent 💔, les muscles se contractent 💪, des rougeurs 🔴 se manifestent, accompagnées de douleurs articulaires 🦴.
Lorsque le dysfonctionnement de l’air 🌬️ intéresse le sang (rakta) 💉, cela déclenche une grande douleur brûlante 🔥, une teinte anormale de la peau 🏜️, de l’amaigrissement 😱, de l’anorexie 🍽️❌, des éruptions sur les membres 🦠, et un arrêt du processus digestif 🛑🍽️.
Si l’air vicié 🌪️ s’est fixé sur les muscles (māṃsa) 💪 et la graisse (medas) 🍔, on constatera une lourdeur dans tous les organes, de redoutables douleurs perçantes 💔 comme si on avait été rossé à coups de poings 👊 ou de bâtons 🏏, une grande fatigue 😴 et un extrême épuisement 😪.
Lorsque l’air vicié 🌪️ se situe dans les os et la moelle (asthi et majjā) 🦴, on ressent des douleurs aiguës dans les os et les articulations, un affaiblissement des chairs et de la faiblesse 😖. On souffre d’insomnies 🌙 et de douleurs permanentes 😣.
Quand l’air affecte le semen (śukra) 🌊, on assiste à des éjaculations précoces ⏱️ ou, au contraire, à des rétentions du sperme ou du fœtus chez les femmes 🤰, ou à toutes sortes d’anomalies 🚫.
Si l’air vicié 🌪️ stagne dans les ligaments et les tendons (snāyu) 🧵, cela provoque des contractions tétaniques vers l’arrière (opisthotonos) ⬅️, des contractions vers l’avant (emprosthotonos) ➡️, des crampes 🦵, des formations de bosses 🪨 et diverses affections de ce genre, locales ou généralisées.
Lorsque l’air 🌪️ se localise dans les vaisseaux sanguins (sirā) 💉 la douleur et l’œdème restent minimes, mais le corps se dessèche 🍂 et frémit au rythme de la pulsation des artères ❤️. Il est immobile 🗿 ou subit la vaso-constriction ou la vaso-dilatation 🩸.
Enfin, si l’air 🌪️ se fixe dans les articulations, cela provoque un œdème 💧 qui, au toucher, ressemble à une vessie emplie d’air 🎈, et des douleurs dans les membres quand on les contracte ou les étire 🏋️♀️.
Telles sont les caractéristiques des maladies de l’air 🌪️ selon l’endroit où celui-ci se fixe. [24-37].
Si la dégradation de l’air 🌬️ est sévère, la moitié du corps peut se trouver affectée 🤕. Le sang 💉, la main ✋, la jambe 🦵 et le genou se dessèchent 🍂 et tout le côté concerné subit une énorme contracture 😖 ; le visage 😶, le nez 👃, les sourcils, le front, les yeux 👀 et la mâchoire se déforment et se figent 🥴. En conséquence, chaque bouchée de nourriture 🍔 absorbée se trouve déroutée 🔄 ; le nez 👃 est tordu, les yeux 👀 bloqués et toute tentative d’éternuer 🤧 reste vaine. La langue 👅 se soulève et s’incurve, la voix 🗣️ s’affaiblit et la parole 🗨️ est entravée ; les dents 🦷 se déchaussent, l’ouïe 👂 devient déficiente et la voix 🗣️ rauque. On observe aussi des douleurs dans le pied 🦶, la main ✋, l’oeil 👁️, la jambe 🦵, la cuisse, la tempe, les deux oreilles 👂👂 et la joue. En effet, la maladie 🤒 n’affecte généralement qu’un seul côté du corps ou la partie gauche ou droite du visage 😔. Il s’agit de la paralysie faciale (ardita) 🤦. [38-42] (note 6 📝).
Lorsque vāyu 🌬️ se fixe dans la zone de l’artère carotide 🩸 et la pénètre, on observe une paralysie de cette région (manyāstambha). Cette affection provoque une contraction tétanique vers Pavant (antarāyāma) que l’on appelle emprosthotonos. La nuque se courbe vers Pavant et se contracte, ce qui appuie excessivement sur la région carotidienne. On observe, en outre, un grincement des dents 🦷, une forte courbure du dos 🦺 vers Pavant, une raideur de la tête 🤯. La mâchoire reste ouverte et bloquée 😧. Tel se présente l’emprosthotonos. [43-44] (note 7 📝)."
Extrait de CHARAKA SAMITHA, CHIKISTA STHANA, traduction de Jean Papin