Si le cœur pouvait parler,
Il ne s’encombrerait pas des mots inutiles. Il irait droit à l’essentiel, là où les vérités n’ont pas besoin d’être enjolivées. Il dirait tout ce qu’il retient depuis trop longtemps, tout ce qu’il chuchote dans l’obscurité des nuits silencieuses, tout ce qu’il hurle dans les battements précipités des moments d’effroi ou d’extase.
Le cœur parlerait de ses blessures, non pour se plaindre, mais pour les montrer comme des médailles, des preuves de son courage à continuer malgré tout. Il dirait : “J’ai été brisé, recousu, fissuré, réparé. Mais regarde-moi, je bats encore. Je bats pour toi.”
Il parlerait aussi de ses joies, celles que l’on oublie souvent dans le tumulte du quotidien. “Souviens-toi,” dirait-il, “de ce matin où le soleil caressait ta peau, de ce rire partagé qui résonne encore, de cette main qui s’est posée sur la tienne. Ces moments étaient tout.”
Si le cœur pouvait parler, il serait peut-être plus honnête que nous ne le sommes avec nous-mêmes. Il dirait : “Pourquoi me fermes-tu ? Pourquoi te protèges-tu autant ? N’as-tu pas compris que je suis fait pour aimer, pour m’ouvrir, pour m’offrir, même au risque de souffrir ?”
Il dirait aussi : “Arrête de courir. Tu cherches partout ce qui est déjà là. Écoute-moi. Tout ce que tu désires, tout ce que tu espères, tout ce que tu cherches, se trouve en moi. Je suis la source, pas le monde extérieur.”
Il parlerait peut-être de ce poids qu’il porte, de ces regrets que nous lui imposons. Il dirait : “Laisse-moi pardonner, laisse-moi lâcher prise. Je ne suis pas fait pour retenir la rancune ou les peines. Je suis fait pour circuler, pour laisser passer, pour transformer.”
Et puis, il s’interrogerait sur nos silences. “Pourquoi ne m’entends-tu pas ?” dirait-il. “Je te parle à chaque instant, dans chaque battement. Je suis là, vivant, vibrant. Mais tu es trop occupé à écouter le monde, à écouter ta peur, à écouter ton mental. Reviens à moi. Je suis ton guide, ton refuge, ton temple.”
Si le cœur pouvait parler, il ne jugerait pas. Il ne condamnerait pas. Il dirait simplement : “Je t’aime.” Parce que c’est tout ce qu’il sait faire. Battre pour nous, quoi qu’il arrive. Aimer, malgré tout.
Et peut-être qu’il conclurait ainsi : “Écoute-moi, non pas pour me comprendre, mais pour me suivre. Car je ne t’égarerai jamais. Je suis ton essence, ton chemin, ta vérité. Écoute-moi et tu entendras ce que signifie vraiment être en vie.”
Si le cœur pouvait parler, ce serait sans doute le plus beau langage de tous.
Armanda Dos Santos