Dans l’Ayurveda, la cause fondamentale de la maladie est Prajna Parada, que l’on peut traduire comme “l’erreur de l’intellect” ou “la transgression de la sagesse”. Cela signifie que la souffrance et la maladie apparaissent lorsque la connaissance véritable est obstruée : la connaissance de qui nous sommes réellement et la distinction entre Nitya (ce qui est éternel, immuable) et Anitya (ce qui est impermanent, changeant).
L’être humain est souvent tiraillé entre ces deux réalités, et c’est cette confusion qui engendre la souffrance.
L’erreur de perception : entre endosomatique et sexosomatique
Une manière d’illustrer cette confusion est d’observer la différence entre les êtres endosomatiques et sexosomatiques :
• Les êtres endosomatiques (exemple : les animaux) trouvent en eux-mêmes tout ce dont ils ont besoin pour survivre. Un chien, par exemple, n’a besoin que d’eau et de nourriture. Il ne ressent pas le besoin d’un téléphone, de vêtements ou d’un statut social.
• L’être humain, quant à lui, est hautement sexosomatique : il cherche constamment à l’extérieur de lui-même ce dont il pense avoir besoin. Cela inclut des éléments matériels (vêtements, technologies, possessions), mais aussi des relations (partenaire, reconnaissance, statut social).
Ce besoin d’interagir avec l’extérieur n’est pas en soi un problème. Il est une part naturelle de l’existence humaine. Le problème survient lorsque l’on confond notre véritable nature avec ces éléments extérieurs.
L’illusion de l’identification au “Moi” élargi
L’attachement aux objets extérieurs devient source de souffrance lorsque nous élargissons notre ego à des éléments qui ne sont pas réellement nous. Par exemple :
• Nous disons “ma maison”, “mon conjoint”, “mon travail”, et nous finissons par nous identifier profondément à ces possessions et ces relations.
• Lorsqu’un changement survient (perte d’un bien, séparation, échec), nous ressentons une douleur intense car nous avons confondu notre identité avec ces éléments extérieurs.
L’erreur de l’intellect (Prajna Parada) consiste alors à croire que nous sommes ce que nous possédons, ce que nous accomplissons ou ce que nous avons autour de nous. En réalité, nous sommes bien au-delà de ces attributs temporaires.
L’Ayurveda comme chemin de réajustement
L’Ayurveda vise à nous ramener à la conscience juste, en nous apprenant à discerner ce qui relève de l’essence profonde (Atman, le Soi) et ce qui relève de l’impermanence (le monde matériel et sensoriel).
• Nitya (l’essence éternelle) : Ce que nous sommes réellement, au-delà des formes et des apparences.
• Anitya (l’impermanent, le changeant) : Tout ce qui nous entoure et qui est voué à la transformation.
Lorsque nous réajustons notre perception, nous cessons de nous identifier aux possessions et aux attachements, et nous cultivons une relation plus fluide et équilibrée avec le monde extérieur.
L’objectif n’est pas de rejeter la vie matérielle, mais de la vivre sans confusion, en comprenant que ce que nous possédons ou ce que nous expérimentons ne définit pas notre véritable nature. C’est ainsi que l’Ayurveda devient un chemin de libération intérieure et d’équilibre, nous aidant à préserver notre santé physique, mentale et spirituelle.
Armanda Dos Santos