Selon la médecine ayurvédique, la maladie n’est rien d’autre que le mouvement du corps et de l’esprit pour rechercher un meilleur équilibre. Les douleurs, les maux de tête et la fièvre sont des signaux d’alarme qui indiquent qu’une maladie va s’installer. Or, la maladie ne peut se manifester que sur un terrain affaibli. Pour lui barrer la route, il faut fortifier le terrain avec une alimentation appropriée. Si notre nourriture est pure, équilibrée et adaptée aux saisons et à notre constitution, nous n’aurons jamais besoin de médicaments.
L’ayurvéda, qui signifie « science de la vie » en sanskrit, est un système de santé originaire de l’Inde, qui remonte à plus de cinq mille ans. Attribué à Brahmâ, le créateur, l’ayurvéda enseigne comment restaurer et maintenir l’équilibre entre le corps, l’esprit, les sens et la conscience. Traitant rarement les symptômes, c’est une médecine de terrain qui guérit en supprimant les causes de la maladie et s’appuie sur l’alimentation pour obtenir ce résultat.
En ayurvéda, ce n’est pas la maladie qu’il faut traiter mais la personne, en utilisant ses énergies émotionnelles, affectives et spirituelles pour rééquilibrer le dysfonctionnement physique et empêcher que la maladie ne s’enracine profondément.
Il s’agit donc d’une médecine holistique, reconnue par l’OMS, qui traite chaque individu comme étant un être unique et tient compte de facteurs tels que l’environnement, le milieu de travail, les changements climatiques.
Selon cette philosophie, chaque individu a sa propre constitution, son empreinte, qui est un subtil mélange de ce qui s’appelle les doshas. Vata permet que les fluides et les aliments se rendent aux cellules et gouverne les mouvements péristaltiques de l’intestin. Pitta sert à digérer les aliments et préside à la gouverne du feu digestif. Kapha forme et maintient la cellule et se charge de la lubrification. Selon l’ayurvéda, c’est l’équilibre dynamique de vata, pitta et kaphaqui nous permet de jouir d’une bonne santé. Parfois, il nous arrive d’avoir une sensation d’inconfort. Aucune maladie n’est détectée et pourtant, cet inconfort est assez important pour que nous le ressentions. L’équilibre des trois doshas a été rompu. L’ayurvéda considère ce bris comme la première étape de la maladie et s’attache donc à restaurer leur équilibre.
La diététique selon l’ayurvéda
La première des actions thérapeutiques de la médecine ayurvédique passe par un rééquilibrage de l’alimentation.
En ayurvéda, l’important n’est pas tant de guérir que de prévenir. Plaisirs du palais et effet curatif vont de pair. Chaque épice, chaque aliment est utilisé avant tout pour sa vertu thérapeutique et purificatrice de l’esprit (sattvique).
Les principes fondamentaux de la diététique ayurvédique s’appliquent d’abord à ne pas troubler les énergies spirituelles et le mental. Le mental étant constitué par la partie la plus subtile des aliments, une telle nourriture ne doit contenir rien d’irritant pour le mental comme la viande, les œufs, le poisson. Ou les aliments aigris comme l’ail, l’oignon qui excitent la passion et la colère, agitent le mental et le rendent irritable.
De même pour les liqueurs, les narcotiques et les plats trop sucrés, trop amers, trop acides, trop salés, trop chauds ou trop astringents. Ces aliments amènent parfois de brillantes énergies et de spectaculaires réussites qui deviennent vite incontrôlables et conduisent inéluctablement au déséquilibre et par conséquent à la douleur, au chagrin et aux maladies.
L’ayurvéda recommande aussi d’éviter les aliments gâtés, de mauvaise odeur, fermentés, faits de restes, cuits depuis plus de trois heures. Et ceux à odeur forte comme les crevettes, les fromages faits, les viandes faisandées, fumées ainsi que les boissons fermentées car ils répandent l’infection et la maladie.
Panacher les six goûts
En diététique ayurvédique, il importe de panacher les goûts pour équilibrer les doshas. La constitution kapha nécessite plus d’amer, d’astringent et de piquant. Les sucré, amer et astringent seront bénéfiques au type pitta. Alors que le type vata sera équilibré par le salé, aigre, sucré. Ceci étant, lorsqu’on est en bonne santé, il faut chercher à équilibrer les six goûts salé, sucré, acide, amer, pimenté, astringent.
- Le sucré donne du plaisir aux cinq sens. On le trouve dans le ghee (il s’agit de beurre clarifié obtenu en faisant fondre à feu doux du beurre en retirant les produits qui remontent à la surface jusqu’à obtention d’un liquide limpide qui se conserve sans réfrigération au moins un an), le sucre de canne, le miel, les raisins secs noirs, le riz, l’ail…
- L’acide appelle l’eau dans la bouche et se trouve dans le tamarin, la grenade, le citron, le lassi (lait fermenté), le yaourt, le fromage, le vinaigre, la tomate, la mangue. Le salé appelle aussi l’eau dans la bouche et donne bon goût aux aliments. On le trouve bien sûr dans tous les sels, les épinards, l’ail, les algues et les légumes aqueux comme le concombre et la tomate.
- L’astringent a des vertus médicinales constrictrices dues à la présence de tanins. On le trouve dans la plupart des légumes, mais surtout dans le miel, les dattes vertes, les bananes vertes, les kakis, la mangue verte, le curcuma, la grenade, l’ail.
- L’aigre se trouve en petites quantités dans le citron vert, le pamplemousse, les fraises, et surtout dans les aliments fermentés comme le yaourt, la sauce soja, le miso.
- L’amer reste longtemps en bouche. Et supprime pendant ce temps la sensation des autres goûts. Il stoppe le travail de kapha. Il se trouve dans la valériane, le santal, les amandes amères, la moutarde, le curcuma, le café, la chicorée, la bière, la salade, l’ail et le fer. Ne pas abuser de ce goût car manger amer tend à rendre le jugement amer.
L’hiver : des épices pour calmer le feu digestif
Environ 25 épices sont utilisées chaque jour dans la cuisine indienne. Des écrits ayurvédiques remontant à trois mille ans établissent une liste des propriétés préventives et curatives des épices. Ainsi, l’Asa foetida est carminative et gomme les incompatibilités alimentaires. Son goût est citronné et un peu acide. La cardamome, utilisée dans le riz, les desserts et le thé est astringente et stimulante. La cannelle, un aromate subtil, est utilisée comme astringent et stimulant.
La coriandre, employée pour donner plus de saveur et de corps à une sauce ou aux légumes, est calmante, digestive et combat la constipation. Le cumin, utilisé en graines et en poudre pour parfumer les légumes frais et secs et les yaourts, est paré de nombreuses vertus : il est digestif, carminatif, sudorifique, bénéfique pour le cœur et de plus il équilibre les éléments air et feu.
Les Indiens utilisent aussi un cumin noir, ou nigelle, pour ses vertus bactéricides. Le curcuma dont la poudre est extraite d’un rhizome, a une couleur jaune qui lui vaut l’appellation « safran indien ». L’ayurvéda lui reconnaît de puissantes propriétés antiseptiques. Il nettoie la peau, tue les germes dans la gorge, purifie le sang, est digestif et protège le foie.
Le fenugrec doit ses propriétés à ses graines amères (à utiliser avec parcimonie). Il est apprécié comme émollient, laxatif, tonique, anti-anémique, anti-diabétiqueet réputé équilibrer l’élément air. Le gingembre utilisé soit frais en racine, soit en poudre, est stimulant, stomachique et énergétique. Associé au miel, il combat le rhume et l’angine.
L’été : du riz et des légumes pour refroidir l’organisme
Le riz est l’aliment de base de l’alimentation ayurvédique. Il donne une énergie subtile et refroidit. Pour neutraliser cet effet refroidissant, on ajoute des épices chauffantes pendant la préparation : clous de girofle, piments rouges, curcuma et safran.
Quant aux légumes, leur premier effet sur notre biochimie est qu’ils nous refroidissent (leurs fibres demandent beaucoup de feu digestif) et qu’ils augmentent le muqueux dans notre corps. Plus les légumes sont lourds à digérer (oignon, endive, aubergine, avocat, brocoli, chou-fleur, champignons, peau de courgette, poireau, céleri-rave, choux, navet, paprika, raifort, salsifis, salade, choux de Bruxelles, chicorée) et plus ils demandent de feu digestif et créent de la fatuité.
Il faut les équilibrer avec des épices chauffantes et séchantes (graines de fenugrec, ail…) et des légumes faciles à digérer (pommes de terre, asperges, choux chinois, cerfeuil, concombre sans peau, ail, luzerne, panais, citrouille, betterave rouge, épinards, tomate, mâche, fenouil, carottes).
En médecine ayurvédique, l’important c’est le terrain. La maladie ne peut s’installer que sur un terrain affaibli. Pour fortifier le terrain et atteindre la santé parfaite, l’ayurvéda préconise un bon sommeil, une bonne élimination des selles et des urines, une transpiration appropriée, des purifications sous forme de purges et de lavements aux changements de saison. Et surtout, une alimentation pure et équilibrée qui respecte le rythme de la journée avec des repas du soir légers sans excès, sans convoitise, ni gourmandise.
Êtes-vous vata, pitta ou kapha ?
- Vata
Un individu avec une constitution à prédominance vata possède les qualités de l’air. Si ses doshas sont en équilibre, il a un esprit créatif, rapide et dynamique. Vata est responsable du mouvement dans le corps et il dirige les autres doshas (pitta et kapha), il est donc vital pour la santé.
Les vata ont un appétit et une digestion irrégulières. Ils ont tendance à grignoteret à manger des salades alors qu’ils ont besoin de repas chauds, onctueux et nourrissants. Et de goûts salé, aigre, sucré. Ils urinent souvent et ont tendance à la constipation. Le site principal de vata dans le corps est le côlon, mais aussi le cerveau, les oreilles, les os, les articulations et la peau. Une personne de constitution vata sera sujette à la perte de poids, aux flatulences, à l’insomnie, et à une sécheresse de la peau et des cheveux. Les aliments crus et froids et les stimulants déséquilibrent vata. Vata doit manger chaud, au calme et à heures régulières, consommer assez de liquides chauds, éviter les excitants et les stimulants.
- Pitta
Un individu de constitution pitta possède les qualités du feu et de l’eau. Les pitta ont bon appétit et une bonne digestion malgré leur difficulté à digérer les fritures. Souvent ils aiment la nourriture épicée et les boissons froides. Les goûts sucré, amer et astringent leurs sont bénéfiques. Ils vont souvent à la selle et transpirent facilement. Leurs pieds et leurs mains restent chauds. Ils supportent aussi difficilement de retarder l’heure des repas. Les problèmes de santé des pitta sont souvent liés à l’élément feu : fièvre, inflammations. Ils doivent éviter la nourriture épicée, les fritures, le sel, les aliments acides et l’alcool.
- Kapha
Composés d’eau et de terre, les kapha ont tendance à l’embonpoint et leur métabolisme est lent. Les selles des kapha sont molles et l’élimination est plutôt lente. Ils aiment les fritures, la nourriture sucrée et salée alors que leur constitution nécessite l’amer, l’astringent et le piquant. Le problème de santé des kapha est souvent lié à l’eau : congestion des sinus, muqueuses de tous genres, excès de poids, rétention d’eau, diabète. Les aliments froids, sucrés, salés et gras sont à éviter. S’ils veulent rester en bonne santé, les types kapha ont besoin d’une vie dynamique et sans routine, d’exercice, de repas légers, épicés, secs et chauds.
Soigner ses troubles en mangeant selon l’ayurvéda
- Aigreurs
Deux fois par jour, jusqu’à disparition des aigreurs, prendre une cuillère de graines de cumin écrasées avec du sucre roux. Consommer du ghee, du riz, du soja, du lait additionné d’eau de rose et de miel, des bananes ou des raisins noirs trempés dans du lait, des dattes.
- Aphtes
Consommer du riz à la cardamome pendant deux jours, mâcher des clous de girofle grillés et manger du réglisse. Éviter le goût piquant.
- Constipation
Manger léger, du riz complet, du boulghour, des légumes verts. Boire : le soir au coucher un verre de lait chaud avec du ghee, le matin au lever, un verre d’eau citronnée et tout le long de la journée, une décoction de gingembre avec une cuillerée d’huile de ricin.
- Diarrhée
Boire du lassi salé avec du cumin, manger de la soupe de carottes. Mélanger six grammes de poudre de coriandre ou de fenugrec à un yaourt. Rajouter de la cardamome et des fleurs de thym à la nourriture.
- Circulation
Fluidifier le sang avec une nourriture additionnée de curcuma, manger de l’ail et des graines germées.
- Douleurs articulaires
Tous les matins prendre une petite boule composée de 5 g de poudre de fenugrec, 2 g de ghee et 2 g de mélasse. Pendant un mois, la première bouchée de chaque repas devra être faite de 3 g de poivre noir écrasé avec une gousse d’ail.
- Indigestion
Boire du jus de gingembre avec du citron et du sel. Et consommer matin et soir une confiture de gingembre, cardamome, clous de girofle, muscade et safran.
- Infections urinaires
Boire du jus de gingembre sucré au miel matin et soir. Prendre matin et soir du cumin avec un morceau de sucre candi.