Nos mensonges ne sont jamais que des voiles, des étoffes que nous tissons maladroitement pour couvrir ce qui, en nous, semble trop nu, trop fragile, trop risqué à montrer. Ils naissent souvent d’un besoin de protection, d’une peur ancienne que l’on n’ose affronter : peur de l’abandon, de l’échec, du regard des autres, de notre propre regard sur nous-mêmes. Ils sont des barrières que nous dressons pour contenir nos ombres, mais qui finissent par enfermer aussi notre lumière.
Un mensonge est rarement un acte de malveillance, il est bien souvent une stratégie de survie. Il est un compromis entre ce que nous sommes et ce que nous croyons devoir être. Mais dans cette tentative de cacher ou d’échapper, nous nous éloignons de nous-mêmes. Chaque mensonge, petit ou grand, creuse en nous une distance, une séparation subtile entre ce que nous vivons et ce que nous ressentons véritablement. C’est un écart qui, s’il grandit, peut nous isoler de notre propre vérité.
Mentir, c’est parfois refuser de se regarder en face, de nommer ce qui est là, brut et inconfortable. Mais ce refus finit par peser, car chaque mensonge demande à être porté, caché, entretenu. Et cela nous épuise. Ce n’est pas tant le mensonge qui nous blesse, mais l’effort constant qu’il exige pour ne pas être découvert, pour maintenir l’illusion.
Nos mensonges ne disparaissent pas. Ils s’installent en nous, comme des échos, des murmures qui viennent troubler notre paix intérieure. Ils nous rappellent, parfois dans le silence de la nuit, que nous avons fui quelque chose d’essentiel. Mais ils peuvent aussi être des messagers, des invitations à revenir vers ce que nous avons tenté d’éviter. Derrière chaque mensonge, il y a une vérité qui attend, patiente, que nous ayons le courage de la regarder.
Reconnaître nos mensonges, c’est faire un pas vers l’honnêteté, non pas seulement envers les autres, mais envers nous-mêmes. C’est oser se tenir dans cette vulnérabilité qui n’a plus besoin de masques. Ce n’est pas un acte de faiblesse, mais un geste de force intérieure : se dépouiller des artifices pour habiter pleinement ce que nous sommes, dans notre complexité, nos imperfections et notre vérité nue.
Nos mensonges sont des signaux, des guides parfois maladroits, qui pointent vers les parties de nous-mêmes que nous n’avons pas encore osé aimer. Et lorsque nous les regardons avec courage, ils cessent d’être des fardeaux et deviennent des chemins. Car au-delà du mensonge, il y a toujours une vérité plus vaste, une liberté qui nous attend.
Armanda Dos Santos