Dans les sociétés de consommation modernes, le mode d’esclavage a pris une forme insidieuse et subtile, mais tout aussi puissante. Autrefois, les chaînes étaient visibles, les corps étaient physiquement contraints dans des systèmes d’exploitation brutaux. Aujourd’hui, les chaînes sont invisibles, mais tout aussi réelles. Au lieu de fers et de corvées, on a des dettes et des crédits. Au lieu de corps ligotés, ce sont des esprits et des vies endettés, consumés dans une spirale infinie de consommation.
Les anciens esclaves étaient privés de liberté, captifs de leurs maîtres. Les « esclaves » d’aujourd’hui sont captifs de leur besoin constant de posséder, d’avoir toujours plus, nourris par un système qui ne cesse de les pousser à acheter, à contracter des dettes pour des objets éphémères, tout en leur faisant croire que ce cycle est la clé de leur bonheur. Nous n’avons plus de chaînes visibles, mais la pression du crédit, des obligations financières et de la consommation effrénée exerce une emprise tout aussi débilitante sur nos vies.
Le piège de la consommation nous pousse à échanger notre liberté contre des promesses d’immédiateté et de confort, mais à quel prix ? Des emprunts, des crédits, des dettes qui se transmettent de génération en génération. Ce modèle économique exploite nos peurs, nos insécurités, nous entraînant dans une quête sans fin pour des biens matériels qui, au final, n’apportent qu’une satisfaction temporaire. La vraie liberté, la vraie autonomie, est enterrée sous la montagne de dettes et d’attentes sociales.
Avant, l’esclave était forcé de travailler pour survivre. Aujourd’hui, l’esclave travaille pour rembourser, pour acheter, pour être conforme à des idéaux fabriqués, souvent en dehors de sa véritable essence. Le système ne demande pas des chaînes visibles, il demande des chiffres, des remboursements et une soumission silencieuse à l’ordre établi.
Nous devons redéfinir ce qu’est réellement la liberté. Ce n’est pas la capacité d’accumuler des biens, mais la capacité de se libérer de ce besoin insatiable, d’ouvrir les yeux et de reprendre le contrôle sur nos vies, loin de ce piège de l’endettement et de la consommation. Ce n’est pas un fardeau à porter ou une chaîne à accepter, mais un choix à faire : celui de vivre pleinement, en accord avec nos véritables besoins et non pas avec ce qu’on nous impose.
Armanda Dos Santos