Les rivières en moi sont multiples, elles serpentent et dévalent les montagnes intérieures de mon âme, franchissent des vallées profondes et traversent des paysages changeants. Chaque rivière représente une facette de mon existence, un flux d’émotions, de pensées, de souvenirs, d’espoirs. Elles ne sont jamais figées, toujours en mouvement, parfois tranquilles et paisibles, parfois tumultueuses et imprévisibles. Mais elles sont toutes là, invisibles aux yeux du monde, et pourtant si puissantes, si présentes.
Il y a cette rivière calme, qui symbolise les moments de sérénité, les instants de paix où tout semble s’aligner, où mon esprit trouve un équilibre fragile mais précieux. Cette rivière se faufile lentement, comme un murmure apaisant, me rappelant la douceur des choses simples. Elle m’enseigne à ralentir, à respirer, à goûter au silence. Elle est ma source de repos, de réflexion, d’introspection.
Il y a aussi la rivière bouillonnante, celle de la passion et de la colère, de la lutte et de l’urgence. Elle fait rage parfois, s’emporte, déborde. Elle me pousse à l’action, m’entraîne dans une course effrénée où chaque éclat de ma colère devient un rocher jeté dans l’eau, créant des vagues de défi. Elle est la source de ma rébellion, de mes désirs ardents, de mes rêves inachevés. Cette rivière me fait me battre, m’indigne, me transforme. Elle est la force brute de la vie, celle qui me rappelle que rien n’est acquis et que la vie se mérite.
Puis il y a la rivière cachée, celle des peurs et des blessures enfouies. Elle coule dans l’ombre, discrète, mais non moins puissante. Elle serpente sous la surface de ma conscience, nourrissant des racines profondes, parfois invisibles. Elle me rappelle mes blessures passées, mes renoncements, mais aussi mes cicatrices, qui, avec le temps, se transforment en sagesse. Elle m’apprend la résilience, la guérison, l’acceptation. Elle est le courant tranquille mais nécessaire qui, en silence, fait son travail de guérisseur.
Enfin, il y a la rivière de l’amour, douce et constante, un fil invisible qui relie chaque moment de ma vie. Cette rivière est fluide, nourrissante. Elle irrigue les terres de ma conscience, les arrose de tendresse, d’espoir et de compassion. Elle traverse les saisons de ma vie avec la grâce d’un amour inconditionnel, me reliant à ceux que j’aime et à moi-même. Elle est l’élément essentiel, celui qui me rappelle que tout, en fin de compte, revient à l’amour : la source, la destination, et la manière dont je choisis de parcourir ce voyage.
Ces rivières sont mes guides, mes témoins, mes compagnes. Elles façonnent ma trajectoire, sans jamais que je puisse vraiment les dompter. Elles me rappellent que, parfois, il faut savoir se laisser emporter par le courant, et parfois, il faut résister. Elles m’enseignent que la vie n’est jamais linéaire, qu’elle est faite de zigzags, de tours et de détours, mais qu’elle nous mène, inéluctablement, vers une mer de compréhension et de paix intérieure.
Armanda Dos Santos