Le tulsi aussi appelé basilic sacré est considéré en Inde comme « la Reine des plantes » en raison de ses propriétés purificatrices et apaisantes du corps et de l’esprit. Il est utilisé depuis des milliers d’années pour augmenter l’adaptabilité au stress et l’endurance, détoxifier l’organisme et rétablir l’équilibre et l’harmonie.
Cela fait longtemps que je recherche la perle rare. La plante qui serait aussi bonne pour mon corps que pour mon esprit. Ce jour est arrivé lorsque j’ai entendu parler du basilic sacré.
Au départ, le basilic (Ocimum basilicum) n’évoquait rien d’autre pour moi que la cuisine méditerranéenne. À part cuisiner avec, je ne voyais pas bien quelle vertu médicinale il pouvait receler. Mais son proche cousin, le basilic sacré, ou tulsi (Ocimum tenuiflorum ou Ocinum sanctum), m’a fait changer d’avis.
« Basilic » signifie en grec ancien « royal ». Ce nom est vraisemblablement dû au basilic dont nous parlons aujourd’hui, le basilic sacré, lui aussi originaire d’Inde, et appelé là-bas la reine des herbes. Et ce n’est pas en vain, puisque ses vertus dépassent largement celles du basilic de cuisine.
Le tulsi est à ce point sacré que la tradition indienne ne manque pas de noms pour évoquer ses vertus médicinales : « l’incomparable », « la mère-médecine de la nature »… au point de tenir une place centrale dans certaines formes de la spiritualité hindoue.
Le respect qui l’entoure est tel qu’on ne le consomme qu’en tant que remède, à part des repas. Et le pire sacrilège que l’on puisse commettre à son égard est de le manger en même temps que de la viande.
Si le basilic sacré suscite une telle attention, c’est parce que ses vertus sont très nombreuses et attestées de longue date. Une abondante littérature en témoigne : il permet de purifier, de clarifier, d’alléger notre corps et notre esprit.
C’est ce qui en fait une plante tout à fait indiquée contre les méfaits de notre mode de vie moderne, car le tulsi donne la force à notre esprit de résister au stress sous toutes ses formes.
Il est tout aussi efficace sur le corps : de nombreuses études attestent de son pouvoir détoxifiant, anti-infectieux et anti-inflammatoire.
Il soulage ainsi doublement notre organisme : et de la pression psychologique, et de la pression physique que font peser les menaces bactériennes et toxiques de notre environnement.
En un mot : le basilic sacré remet tous vos compteurs à zéro. C’est donc la plante idéale pour prendre un nouveau départ !
La divinité faite plante
Le tulsi est tellement sacré en Inde que deux mythes lui sont consacrés. L’un d’eux le divinise sous la forme de la déesse Vrinda, dont les domaines de prédilection sont la fertilité et l’abondance. Il est également le symbole de la féminité idéale et de la maternité.
Aussi le basilic sacré est-il considéré en Inde comme la plus sainte de toutes les plantes, le seuil entre les cieux et la terre. Cette sainteté rejaillit sur chacune de ses parties : feuilles, tige, fleur, racine, huile et graine.
Elle est donc ni plus ni moins la divinité faite plante. Même le sol qui l’entoure est saint. Son culte a ainsi été tenu pour une branche à part entière de l’hindouisme.
D’ailleurs, on se sert de son bois ou de ses graines pour fabriquer des chapeletsqui aideraient à la concentration et à la méditation. Il aurait également le pouvoir de combattre la pollution aérienne, et c’est à cette fin qu’il a été planté autour du Taj Mahal : pour empêcher le marbre blanc de noircir !
Le tulsi contre le syndrome métabolique et le stress
Le tulsi est certainement le meilleur exemple de l’approche holistique de la médecine ayurvédique. Les Indiens prêtent à cette plante épicée et amère le pouvoir de donner du « lustre » au corps, de l’intelligence, de la beauté, de l’endurance, de la douceur à la voix et une disposition particulière à la tempérance émotionnelle.
Ainsi, la consommation quotidienne de cette plante préviendrait les maladies, améliorerait la condition physique, le bien-être et la longévité. Mais surtout, et c’est ce qui nous intéresse ici, elle permet de faire face aux pressions de la vie quotidienne, psychologiques et physiques.
Au niveau psychologique le tulsi aide, comme d’autres adaptogènes, à clarifier le mental et à prendre du recul sur les problèmes qui parsèment notre quotidien. Testé sur des animaux, dont il a amélioré la mémoire et les fonctions cognitives, il a révélé avoir les mêmes propriétés que les antidépresseurs et les anxiolytiques. Sur les humains, il a été prouvé qu’il réduit le stress, l’anxiété et la dépression, les problèmes de sexe et de sommeil, la confusion et l’épuisement – avec des tests scientifiques, randomisés, en double aveugle, contrôlés par placebo. Ce n’est donc pas pour rien que les vertus du basilic sacré ont été comparées à celles du yoga !
Ces vertus psychologiques se doublent de vertus physiques, et ce n’est pas étonnant quand on sait à quel point les deux sont liés. En effet, en réponse au stress chronique, notre corps produit des pare-chocs hormonaux comme le cortisol, l’adrénaline et la corticostérone. Mais il y a un prix à payer à long terme : une fatigue de fond, une hypersensibilité auto-entretenue au stress, mais aussi un cortège de dérèglements métaboliques et cardiovasculaires.
Le basilic sacré s’avère ici utile car il permet d’atténuer le syndrome métabolique, un problème qui touche un tiers de la population des pays industrialisés. Parce qu’il réduit le niveau de glucose sanguin, améliore le profils lipidique des personnes en consommant et fluidifie la pression sanguine, le tulsi est une bonne plante généraliste pour les profils présentant des risques cardiovasculaires.
Attaques chimiques et cancers
Un autre type de stress physique est l’attaque de notre organisme par des toxiques en tous genres. Le tulsi accroit ici nos capacités défensives. Le grand nombre de composés phénoliques qu’il renferme a ici un effet majeur : une protection de nos cellules contre les ravages des radicaux libre et des toxiques, et donc un rôle préventif contre le cancer.
La plante fait en effet augmenter la production d’un antioxydant et nettoyant majeur du corps, le glutathion. Il prévient ainsi les atteintes au foie, aux reins et au cerveau, causées par les pesticides, les produits chimiques, pharmaceutiques (parmi lesquels le paracétamol) et industriels (dont le parabène et l’éthanol). Le tulsi protège également l’organisme des métaux lourds (plomb, arsenic, cadmium, chrome et mercure), et aide le corps à les évacuer.
Ce faisant le tulsi réduit les dommages sur l’ADN causés par ces particules toxiques et donc aide à la prévention des cancers. Cette propriété préventive est décuplée par le fait qu’il encourage l’apoptose des cellules en dérive, c’est à dire qu’il active la mort programmée des cellules précancéreuses et cancéreuses.
Un sacré bouclier contre bactéries et virus.
A l’instar de beaucoup d’autres plantes d’usage millénaire érigées au rang de panacées, la tradition ayurvédique attribue au tulsi un nombre de propriétés difficiles à vérifier. En effet la liste des affections traitées par le basilic sacré est pour le moins extensive : toux, asthme, diarrhée, fièvre, dysenterie, maladies oculaires, otalgies, indigestion, hoquet, désordres gastriques, cardiaques et génitaux, douleurs dorsales, maladies de la peau, morsures d’insectes, de serpents, piqûres de scorpion...
La recherche scientifique en revanche s’accorde pour attribuer à ses riches composés actifs des vertus antimicrobiennes, antivirales, antifongiques et antiprotozoaires. Dans cette lutte contre bactéries et virus, son rôle modulateur sur nos défenses immunitaires joue très probablement une part active. C’est sans doute aussi à cette dernière propriété que l’on doit ses effets bénéfiques dans la lutte contre les allergies.
Enfin, le basilic sacré marche très bien contre les infections chez les animaux, dont les vaches, la volaille, les chèvres, le poisson et… les vers à soie ! Comme il attaque les organismes pathogènes qui naissent dans l’eau ou la nourriture, le basilic sacré est d’ailleurs parfois utilisé pour la préservation des aliments, la purification de l’eau ou l’hygiène des mains.
Pour préparer une infusion de basilic sacré, versez un demi-litre d’eau bouillante sur 5 à 7 grammes de feuilles fraîches, couvrez et laissez reposer 5 à 10 minutes, puis filtrez. Buvez une tasse, trois fois par jour, pour profiter de ses effets.
Le tulsi, un avatar botanique
En Inde, rares sont les cérémonies sans offrandes, sans guirlandes de fleurs. Et sans basilic sacré, ou Tulasi, en sanscrit. Depuis des millénaires, grâce notamment aux sages qui ont reçu l’enseignement de l’ayurvéda, l’incomparable le tulsi accompagne le quotidien des Indiens sur le chemin de la réalisation de soi.
Amma, considérée comme une sainte en Inde, connue pour ses étreintes salvatrices, mais aussi qualifiée souvent de bienfaitrice de l’humanité a lancé il y a quelques années une singulière alerte aux réseaux « Greenfriends » dans le monde entier : « Cultivez le plus possible le basilic sacré ! » Après le Tsunami de 2004, elle a insisté pour que tous les lieux reconstruits soient entourés de ce Tulasi, selon la dénomination sanscrite, ou tulsi chez nous. De son côté, le célèbre thérapeute indo-américain Deepak Chopra, qui promeut les sagesses indiennes, recommande aussi de le cultiver. Pourquoi faut-il donner à cette plante une telle importance ? « Le monde tourne mal et c’est comme si le Tulasi pouvait nous sauver en cas de grave crise alimentaire, sanitaire, ou autre », avance avec conviction un cultivateur de la plante dans l’un des jardins indien d’Amma... De son côté, la science contemporaine a validé jusqu’à 57 composants pour cette espèce de basilic qui ressemble peu à celui qui accompagne nos salades de tomates. Elle a confirmé de puissantes vertus adaptogènes, assorties de propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, antivirales et analgésiques, notamment. Cependant, c’est son aspect sacré qui est avant tout honoré par ceux qui suivent les traditions védiques et le chemin de la « réalisation de Soi ».
Une prière permanente
Nommé « la Mère des plantes médicinales », ou « La Reine des herbes », le Tulasi apparaît dans des textes fondamentaux vieux de plus de 1 500 ans. « On le nomme souvent le “Vishnu Priya”, c’est-à-dire le “Bien-aimé du Seigneur Vishnu”», résume Lionel Poirot, herbaliste français et Vaidya, c’est-à-dire médecin ayurvédique formé en Inde. Impossible de compter toutes les mentions qui en sont faites dans les saintes écritures ou épopées antiques. Ainsi, dans le Bhagavata Purana et le Mahabharata, une déesse qui voulut exprimer sa dévotion à Vishnu se transforma en Tulasi « de façon à lui être offerte à chaque prière ». Ailleurs, notamment dans le Palma Purana, écrit au début de notre ère, on affirme que partout où il pousse, on ne connaît ni « la misère, la peur, la maladie et la pauvreté, [...] qu’il rend les lieux saints encore plus dignes de louanges ». De fait, même si, au royaume indien des déités, de nombreuses autres plantes ou arbres comme le lotus ou le Ficus religiosa ont aussi leurs dévots, le tulsi a toujours bénéficié d’un statut à part. En effet, chaque partie de la plante peut être utilisée, ce qui le lie de façon spécifique aux trois principaux dieux de la mythologie hindoue : Brahmâ (le créateur), Vishnou (celui qui préserve) et Shiva, aussi appelé Rudra (le destructeur de la multiplicité), qui ramène à l’unité. « In fine, ces trois déités se confondent pour permettre un parfait équilibre dynamique de la vie. Or toutes les parties du Tulasi y accèdent et leurs effets ont des interactions vertueuses », poursuit notre spécialiste Lionel Poirot.
Le tulsi : amplificateur de vibrations
Avatar botanique, divin descendu sur terre pour accompagner les humains, le Tulasi a donc toujours eu une place privilégiée dans les innombrables rites qui ponctuent le quotidien. On le sépare souvent des autres plantes pour confirmer sa nature et sa fonction exceptionnelles. Dans les temples, il n’est pas rare qu’un immense pot de Tulasi trône au milieu de l’assemblée et qu’on lui adresse directement des prières. Dans les maisons, la tradition lui attribue la capacité de chasser les démons.
Lors des Puja, cérémonies répétées en toutes occasions, l’officiant peut soit offrir des feuilles de Tulasi à une déité, soit recevoir une guirlande faite de ses feuilles. En outre, son eau sacrée (Tirana hala) est donnée à boire ou projetée sur les convives. Têtes baissées, c’est la fontanelle, ou 7e chakra, qui est exposée, pour une sorte de bénédiction qui change le niveau vibratoire, assurent ceux qui ont participé à pareilles céré- monies. Comme cette Occidentale, qui se souvient de ce jour où elle mit à son cou une guirlande sacrée : « Jamais je n’avais ressenti pareille charge énergétique. Or je fréquente les plantes depuis longtemps ! », précise-t-elle, encore pleine de gratitude. La tige sèche du Tulasi, comme un petit tuyau, est aussi fréquemment découpée pour composer des perles qui vont constituer le Mala, outil spirituel bien connu des Hindous, comme un chapelet. En récitant les 108 noms du Divin, ou simplement en récitant un mantra, on égrènera les perles de Tulasi (108 en général) dont on estime qu’il amplifie l’effet vibratoire du mantra. Le tulsi est ainsi associé au divin et à l’amour. Et encore aujourd’hui, Tulasi ou Tulsi est le prénom que de nombreux parents choisissent de donner à leur fille, en espérant ainsi plaire aux dieux.