En tant qu’adultes, nous sommes souvent engagés dans une quête interminable pour savoir qui nous sommes vraiment. Nous passons nos vies à chercher ce sens profond d’identité, cette essence qui semble échapper à nos mains dès que nous pensons la saisir. Cette quête est compliquée par les carcans de notre éducation, par les attentes, les normes, et les croyances que nous avons intégrées sans questionner, dès notre plus jeune âge. Nous avons été éduqués à devenir quelque chose : à être “réussis”, “accomplis”, à entrer dans un moule qui, souvent, ne correspond pas à ce que nous sommes véritablement. Et maintenant, en tant qu’adultes, nous devons peu à peu nous défaire de ces couches accumulées, de ces identités empruntées, pour retrouver ce noyau authentique, ce “je” caché sous les rôles que nous avons appris à jouer.
Cette quête de soi est souvent douloureuse, car elle implique une forme de rupture, un démantèlement des constructions mentales et sociales que l’on pensait solides. Nous devons déconstruire pour reconstruire. Nous passons par des phases de confusion, de doute, où nous réalisons que beaucoup de ce que nous pensions être n’était que le reflet des désirs, des peurs, et des projections des autres – parents, enseignants, société. Et, dans ce processus de découverte de soi, nous comprenons que ce que nous cherchons est en fait très simple, mais difficile à atteindre : être qui l’on est vraiment.
Mais si nous, adultes, devons traverser cette quête parfois douloureuse pour nous défaire des carcans de notre éducation, ne devrions-nous pas réfléchir à l’éducation que nous offrons aux enfants ? Ne devrions-nous pas leur donner les outils, non pas pour se conformer à une image imposée, mais pour se découvrir, s’accepter, et grandir en étant fidèles à leur propre essence ? La seule éducation véritable, celle qui transcende les systèmes et les méthodes, c’est justement d’apprendre à être qui l’on est.
L’éducation des enfants, dans cette perspective, ne devrait pas consister à les remplir de concepts ou à les orienter vers un but prédéfini, mais à leur offrir un espace de liberté, un terrain fertile où ils peuvent explorer leurs passions, leurs talents, et leurs forces naturelles. Cela ne veut pas dire qu’ils doivent être laissés sans cadre, mais que ce cadre doit être suffisamment souple pour qu’ils puissent expérimenter, questionner, et évoluer en fonction de ce qu’ils ressentent à l’intérieur.
Apprendre à être soi-même est un processus, une forme d’éducation subtile qui ne peut pas être mesurée par des examens ou des notes. C’est un apprentissage de l’introspection, de l’écoute intérieure, de la confiance en sa propre voix. Si nous pouvions enseigner cela aux enfants, leur apprendre dès le plus jeune âge à s’écouter, à se connaître, à respecter leurs propres rythmes et leurs aspirations, alors peut-être pourraient-ils éviter cette quête interminable à l’âge adulte. Ils pourraient grandir en étant déjà en phase avec eux-mêmes, alignés avec leur être intérieur, et naviguer le monde avec une authenticité et une clarté que tant d’adultes cherchent désespérément à retrouver.
Le rôle des adultes, des parents, des éducateurs, serait alors d’accompagner, de guider, mais sans imposer. De permettre à chaque enfant de fleurir à sa manière, de trouver son propre chemin, sa propre expression. Cela implique aussi pour nous, adultes, de continuer notre propre travail de déconstruction, d’accepter que nous ne possédons pas toutes les réponses et que, souvent, les enfants peuvent nous enseigner autant que nous leur enseignons.
Finalement, la seule éducation qui compte vraiment, que ce soit pour les enfants ou pour nous, les adultes en quête de vérité, c’est celle de devenir pleinement soi-même. C’est une éducation à l’authenticité, à la liberté intérieure, à la confiance en cette voix qui, depuis toujours, murmure en nous, mais que nous avons parfois appris à ignorer. Le vrai travail est de réapprendre à l’entendre, et d’enseigner à la génération suivante à ne jamais l’étouffer.
Armanda Dos Santos