Chacun de nous n’est rien de plus qu’humain, un essai, une étape dans le grand voyage de l’existence. Nous ne sommes ni parfaits, ni achevés, mais seulement des fragments d’un idéal que nous nous efforçons d’approcher. Mais cette étape, aussi fragile soit-elle, doit nous conduire quelque part, vers un lieu qui transcende la simple existence. Ce lieu, c’est celui de la perfection intérieure, l’aspiration à un centre qui nous élève, qui nous réunit et qui nous définit. Nous ne devons pas nous perdre dans les périphéries, dans l’agitation des distractions superficielles, mais tendre résolument vers ce centre (Hrdayam), cette vérité qui nous habite.
Être humain, c’est naviguer entre la rigueur et la liberté. Nous devons être, en quelque sorte, des logiciens et des grammairiens, des architectes de nos pensées et de nos actions, mais aussi être pleins de fantaisie et de musique, de cette légèreté créative qui émane des choses simples mais profondes. Nous devons balancer le rationalisme strict de notre esprit avec la fluidité de l’imaginaire, cette capacité à voir au-delà des frontières établies, à goûter l’absurde pour en tirer une vérité cachée.
Le logicien en nous doit analyser, découper, ordonner, parce que la vie demande de la précision dans l’application des principes, une compréhension nette de la vérité et des faits. Mais il ne doit pas devenir un carcan, une cage rigide, il doit être complété par la fantaisie du poète, par cette part de nous qui se perd dans la contemplation de la beauté, qui rêve sans crainte et qui sait qu’il y a de l’art dans chaque geste, même les plus quotidiens.
C’est dans cette union entre la rigueur et la fantaisie que se trouve l’équilibre. La perfection ne se trouve pas dans un monde d’abstraction totale, mais dans celui où chaque idée, chaque geste, chaque parole, est empreint de sens et de cohérence. Il ne s’agit pas seulement de comprendre le monde, mais de l’interpréter, de l’imaginer à travers nos propres filtres, et de faire de cette interprétation une mélodie qui résonne avec notre cœur (Hrdayam) et notre âme (Atma).
Et ainsi, l’humain se construit à chaque pas, entre la quête de perfection et l’acceptation de ses imperfections. À chaque instant, il doit se tendre vers son centre, où se trouvent ses vérités profondes et ses désirs les plus authentiques, mais il doit aussi se permettre de danser, de naviguer, avec la vie, avec ses contradictions, avec ses absurdités et ses beautés cachées. Car c’est là, dans cette tension entre la discipline et la liberté, que réside l’essence même de ce que signifie être pleinement humain.
Armanda Dos Santos