Se préparer à entrer en Kuti est une démarche empreinte d’enthousiasme profond, un élan de l’âme qui se conjugue à une exigence rigoureuse envers soi-même. C’est une anticipation fébrile, mais sereine, où l’esprit se prépare à un voyage intérieur intense, et où le corps, lui aussi, doit se préparer à ce grand saut dans l’inconnu.
L’enthousiasme naît de la conscience que ce retrait n’est pas simplement une pause, mais une opportunité précieuse de se reconnecter à son essence la plus pure. C’est un appel à retrouver ce que le tumulte du quotidien a étouffé, une chance de plonger dans le silence pour en ressortir transformé, renouvelé. Chaque pensée, chaque geste dans cette période de préparation est animé par la perspective de ce voyage sacré, où l’on sait que l’on va rencontrer des vérités enfouies, des parts de soi que l’on n’a pas encore explorées.
Mais cet enthousiasme est équilibré par une exigence stricte, une discipline intérieure qui sait que pour tirer le meilleur de cette expérience, une préparation méticuleuse est nécessaire. Le mindset doit être affûté, aiguisé comme une lame, prêt à couper à travers les illusions et les résistances. L’esprit se prépare à entrer dans un espace de vérité brute, de confrontation avec l’essentiel, et il doit pour cela se débarrasser de toute distraction, de toute superficialité.
La préparation mentale implique une désintoxication progressive du bruit, du chaos extérieur. On réduit peu à peu les stimulations, on s’éloigne des écrans, des conversations inutiles, des pensées parasites. On cultive le silence intérieur, cette paix anticipée qui sera le terreau de la méditation profonde une fois dans le Kuti. Le mindset devient un jardin que l’on prépare, que l’on nettoie, pour que les graines de l’introspection puissent y pousser sans obstacle.
En parallèle, le corps doit lui aussi être préparé, car ce voyage n’est pas uniquement spirituel, il est aussi physique. Le corps, ce temple de l’âme, doit être purifié, allégé, pour entrer dans cet espace avec une vitalité prête à supporter le jeûne, le silence, l’immobilité. On adapte son alimentation, on privilégie les aliments simples, légers, qui préparent le système digestif à la sobriété du Kuti. On s’assure que le corps ne sera pas un obstacle, mais un allié dans cette quête de régénération et de vérité.
Cette préparation physique n’est pas seulement une question de diète, mais aussi d’entretien de l’énergie vitale. Le yoga, les exercices de respiration, les massages réguliers permettent de mettre le corps en état de réceptivité, de fluidité. Le corps devient un réceptacle prêt à accueillir l’expérience, à la vivre pleinement, sans résistance, sans tension.
Entrer en Kuti, c’est entrer dans un espace de transformation profonde, et pour cela, il faut que chaque partie de notre être soit alignée, prête, en harmonie. L’esprit doit être clair, centré, décidé ; le corps doit être pur, léger, disposé à supporter les exigences de l’isolement. Ce n’est pas un simple retrait, c’est une immersion totale dans le processus de découverte et de régénération.
L’enthousiasme, loin d’être une simple excitation, devient un moteur puissant qui nous pousse à respecter cette exigence envers nous-mêmes, à nous préparer avec soin, avec dévotion. C’est la reconnaissance que ce que l’on va vivre en Kuti est précieux, sacré, et que pour en tirer tout le potentiel, il faut entrer dans cet espace avec toute l’intégrité et l’attention dont on est capable.
Ainsi, la préparation devient un rituel en soi, une cérémonie intérieure où chaque geste, chaque pensée, chaque choix alimentaire est fait en conscience, avec la vision claire de ce que l’on s’apprête à vivre. C’est un temps où l’on se prépare à se dépouiller de l’inutile, à plonger dans l’essentiel, avec l’esprit aiguisé et le corps allégé, prêt à accueillir cette immersion totale dans la profondeur de l’être.
Armanda Dos Santos