1.
Plonger dans l’isolement du Kuti, c’est se jeter dans les abysses de l’âme, là où les émotions prennent une forme brute, viscérale, sans filtre ni échappatoire. C’est une descente vertigineuse dans les profondeurs de soi, où chaque sentiment, chaque pensée, chaque souvenir ressurgit avec une intensité presque insoutenable. Ici, le silence n’est pas un simple retrait du bruit ; il devient un miroir impitoyable, renvoyant à la surface toutes les ombres que l’on a tenté de fuir.
Dans cet isolement total, la solitude n’est plus une idée abstraite ; elle devient une présence palpable, lourde, qui pèse sur la poitrine, qui appuie sur les nerfs, qui éveille des peurs ancestrales, enfouies. C’est un face-à-face inévitable avec ses propres démons, ces fragments de soi-même que l’on préfère souvent ignorer, mais qui, ici, dans le noir, prennent toute leur ampleur. Chaque seconde devient un combat pour rester présent, pour ne pas sombrer dans les méandres de l’esprit, pour ne pas se perdre dans les labyrinthes du mental.
Le Kuti ne pardonne rien. Il expose la vulnérabilité dans toute sa nudité, mettant à nu les fragilités, les failles, les blessures que l’on pensait guéries. C’est une épreuve de vérité, où l’on se retrouve seul avec ses peurs les plus profondes, ses désirs inavoués, ses regrets cachés. Le temps semble s’étirer, chaque instant devenant une éternité où l’on se confronte à l’immensité du vide intérieur, à l’absence de tout repère, de toute distraction.
Et pourtant, c’est dans ce gouffre émotionnel, dans cette immersion totale dans l’obscurité de l’âme, que quelque chose de précieux émerge. C’est là, dans le creuset du Kuti, que l’on découvre la véritable force, celle qui ne naît que du fait de se tenir debout face à l’abîme, de plonger dans ses propres profondeurs sans détourner le regard. C’est une transformation par le feu, une métamorphose silencieuse où, dans la douleur de l’exposition totale, on trouve une nouvelle forme de paix, une acceptation radicale de ce qui est, de ce que l’on est.
Les émotions, d’abord dévastatrices, se transforment. Ce qui était chaos devient calme, ce qui était peur devient force. On sort du Kuti avec l’impression d’avoir traversé une tempête intérieure, d’avoir touché le fond des abysses et d’en être revenu, non pas indemne, mais transformé. Plus entier. Plus authentique. Plus conscient.
Ce que l’on gagne dans cet isolement, c’est une lucidité impitoyable, une compréhension que tout, même les émotions les plus sombres, a une raison d’être. Que dans le noir, on peut trouver la lumière la plus pure, celle qui ne vacille pas, qui ne faiblit pas, parce qu’elle est née dans les entrailles mêmes de l’âme. C’est une renaissance par les abysses, une réconciliation avec toutes les parts de soi-même, même les plus terrifiantes. Et c’est là, dans cette union avec le tout de soi, que l’on découvre la véritable liberté.
2.
Se retirer dans le Kuti, c’est répondre à un appel profond, celui de se confronter à ses propres vulnérabilités. C’est un acte de courage spirituel, un choix délibéré de plonger dans l’inconnu de son être, là où résident ces parts de soi que l’on a toujours craint d’affronter. Ce n’est pas un acte de bravoure aveugle, mais plutôt une démarche empreinte d’une humilité profonde, une reconnaissance que pour se connaître pleinement, il faut être prêt à faire face à ses ombres les plus intimes.
Il y a une appréhension naturelle qui accompagne ce voyage intérieur. On sait que ce qui nous attend dans ce silence absolu n’est pas toujours facile à regarder. Les couches de protection que nous avons construites au fil du temps, pour nous protéger du monde et de nous-mêmes, seront mises à l’épreuve. Les fissures que nous avons cachées, les peurs que nous avons enterrées, les douleurs que nous avons évitées, tout cela ressurgit avec une force inattendue.
Mais c’est précisément cette appréhension qui donne tout son sens à l’expérience. Car c’est en la reconnaissant, en acceptant notre peur et notre fragilité, que nous entrons dans le Kuti avec une intention pure, celle de nous découvrir sous une lumière nouvelle. Il ne s’agit pas de vaincre ces parts de nous-mêmes, mais de les accueillir, de les comprendre, et, finalement, de les aimer.
L’humilité devient alors notre guide. Elle nous rappelle que nous ne sommes pas ici pour nous juger, mais pour nous rencontrer tels que nous sommes, dans notre vérité la plus nue. Dans ce face-à-face avec notre vulnérabilité, nous découvrons une force insoupçonnée, celle qui naît de l’acceptation totale de ce que nous sommes, sans masque, sans artifice.
Entrer dans le Kuti, c’est se rendre à la possibilité de transformation. C’est accepter que la douleur et la peur sont des messagers, des porteurs de sagesse que l’on n’avait pas encore entendue. C’est comprendre que dans nos moments de plus grande vulnérabilité, se trouve aussi notre plus grand potentiel de guérison et de croissance.
C’est un processus de déconstruction, où les failles ne sont plus des défauts à corriger, mais des portes à ouvrir, des passages vers une compréhension plus profonde de soi-même. Chaque moment d’appréhension devient alors une opportunité d’approfondir notre relation avec nous-mêmes, de nous tendre la main avec bienveillance, de nous offrir le pardon et la compassion que nous avons peut-être refusés jusque-là.
Dans le Kuti, la confrontation avec nos vulnérabilités n’est pas une épreuve à surmonter, mais un chemin à parcourir avec douceur et respect. C’est une invitation à se redécouvrir, à se réconcilier avec toutes les parts de soi, même celles que l’on a toujours craint de voir. Et c’est dans cette humilité, dans cette acceptation de notre humanité, que nous trouvons la vraie paix, celle qui naît du fait d’être en harmonie avec notre vérité intérieure.
Ainsi, ce retrait dans le Kuti devient un acte sacré, un voyage vers l’authenticité, où l’on apprend à embrasser pleinement notre être, dans toute sa complexité et sa beauté. C’est là, dans l’obscurité et le silence, que l’on découvre la lumière intérieure, celle qui éclaire non seulement nos forces, mais aussi nos vulnérabilités, et qui nous guide vers une existence plus entière, plus vraie.
3.
Se retirer dans un Kuti, c’est entreprendre un voyage non seulement spirituel, mais profondément physique. C’est répondre à un besoin essentiel de rééducation du corps, de reprogrammation de ces habitudes ancrées, de ces conditionnements qui, au fil du temps, sont devenus des chaînes invisibles. Dans le silence et l’obscurité du Kuti, le corps se retrouve face à ses propres dépendances, à ces mécanismes qui le lient au monde extérieur – la faim, la nervosité, la recherche constante de stimuli. C’est là que commence le véritable travail de transformation.
Le corps, habitué à un rythme effréné, à des cycles de gratification immédiate, se rebelle d’abord. La faim se fait sentir, non seulement celle du ventre, mais celle de l’esprit, qui réclame les distractions, les stimulations auxquelles il est accoutumé. Cette nervosité, cette agitation qui monte des profondeurs, est le signe des habitudes profondément ancrées qui résistent à l’idée même de ce silence imposé, de cette absence de nourriture sensorielle.
Mais dans le Kuti, ces besoins sont révélés pour ce qu’ils sont : des conditionnements que l’on peut rééduquer, des désirs que l’on peut reformer. Le corps, privé de ses habitudes, se met à dialoguer avec lui-même. La faim devient un enseignant, une force à apprivoiser plutôt qu’à satisfaire immédiatement. La nervosité, quant à elle, se transforme en une opportunité de découvrir la paix intérieure, celle qui ne dépend ni de la nourriture, ni du mouvement, ni de la distraction.
Le Kuti offre un espace pour reprogrammer le corps et l’esprit, pour redéfinir ce qui est vraiment nécessaire à leur bien-être. On apprend à écouter les véritables besoins du corps, ceux qui ne sont pas dictés par les habitudes ou les conditionnements, mais par une sagesse plus profonde. On rééduque le corps à trouver sa satisfaction dans le silence, dans le repos, dans une alimentation réduite à l’essentiel – de l’eau pure, des Rasayanas qui nourrissent l’intérieur sans surcharger l’extérieur.
C’est un processus d’épuration, où l’on se défait des couches accumulées d’habitudes et de stimuli inutiles. Le corps, au fil du temps, commence à s’apaiser, à retrouver un rythme plus naturel, plus aligné avec son essence profonde. Les pulsions de nervosité se calment, laissant place à une tranquillité nouvelle, à une énergie plus stable et plus douce.
Se reformer dans le Kuti, c’est accepter de reprogrammer son être tout entier. C’est apprendre à se satisfaire du minimum, à redécouvrir la richesse du rien, du vide, de l’absence de stimuli. C’est un retour à une simplicité originelle, où l’on découvre que le corps n’a pas besoin de tout ce qu’on lui impose quotidiennement pour être en paix.
Cette expérience est une renaissance, une opportunité de se libérer des conditionnements qui nous maintiennent dans un état de dépendance constante. C’est un acte de souveraineté sur soi-même, où l’on reprend le contrôle de son propre corps, de ses propres désirs, pour les aligner avec une vérité plus profonde, plus authentique.
Le Kuti devient alors un laboratoire de rééducation, un espace sacré où l’on se reforme, non pas selon les attentes du monde extérieur, mais selon les besoins véritables de l’être intérieur. C’est un chemin vers la libération, où l’on apprend à nourrir le corps et l’esprit de ce qui est essentiel, de ce qui est vrai, et où l’on découvre que dans le silence, dans le manque apparent, réside la plénitude la plus pure.
4.
Le goût du Chyawanprash, cette confiture dense et profondément enracinée dans la sagesse ancestrale, devient bien plus qu’une simple saveur sur la langue. Dans l’isolement du Kuti, où il est la seule nourriture, il se transforme en une véritable essence de vie, un élixir qui nourrit à la fois le corps et l’esprit. Chaque cuillerée est une alchimie de saveurs, une danse entre le sucré, l’amer, et l’acidité subtile, qui semble toucher chaque recoin de l’être, résonnant bien au-delà des papilles, jusqu’au plus profond des cellules.
Le Chyawanprash, avec sa richesse de plantes médicinales et d’épices, est bien plus qu’un aliment ; c’est un Rasayana, une quintessence de la vitalité, qui pénètre l’organisme pour le nourrir à tous les niveaux. Au fur et à mesure que cette substance complexe fond sur la langue, elle commence à se diffuser dans le corps, réchauffant de l’intérieur, éveillant les tissus endormis, ravivant les énergies subtiles qui parcourent l’être.
Dans ce silence absolu, où le monde extérieur se retire, le Chyawanprash devient une source de réconfort et de stabilité, un lien tangible entre le corps physique et l’esprit en quête de profondeur. Chaque prise est une méditation en soi, un acte de dévotion envers ce corps qui, bien qu’isolé du monde, est nourri par quelque chose de sacré. La chaleur du ghee, la douceur du miel, l’intensité des herbes… tout cela se combine pour créer une symphonie qui nourrit non seulement l’estomac, mais l’âme.
Le corps, privé des excès de la vie moderne, commence à se régénérer, à retrouver son équilibre naturel grâce à ce Rasayana. Le Chyawanprash, avec sa richesse en nutriments, vient réparer, renforcer, revitaliser chaque cellule, chaque organe. L’esprit, libéré des distractions sensorielles, trouve dans cette simplicité une source de clarté et de force. Le goût du Chyawanprash devient alors un rappel constant de ce que signifie vraiment nourrir son être – non pas avec des plaisirs éphémères, mais avec quelque chose de profondément enraciné dans la tradition et la sagesse.
Il y a une sorte de rituel dans chaque cuillerée, une reconnaissance que ce que l’on consomme ne nourrit pas seulement le corps, mais aussi l’esprit, l’essence même de l’être. C’est une nourriture pour l’âme, un soutien pour l’esprit en quête de vérité, une ancre pour le corps qui se régénère dans l’isolement. Le Chyawanprash, dans sa complexité, devient un pont entre le matériel et le spirituel, un lien entre la terre qui l’a vu naître et l’âme qui l’absorbe.
Ainsi, le goût du Chyawanprash, loin de n’être qu’une simple saveur, devient une expérience totale, une communion avec la nature, une immersion dans la tradition, un voyage intérieur où chaque cuillerée est une étape vers une harmonie plus profonde entre le corps et l’esprit. Il nourrit bien plus que l’estomac ; il nourrit la vie elle-même, réaffirmant la connexion entre le physique et le spirituel, entre le passé et le présent, entre l’être et le devenir.
5.
L’obscurité, la pénombre, la nuit – ces états qui effraient tant de cœurs, qui font naître tant de craintes, sont en réalité des portails vers des vérités plus profondes, des révélations que la lumière seule ne peut offrir. C’est dans l’absence de lumière que l’âme se met à parler, que l’esprit, libéré des distractions visuelles, commence à percevoir ce qui est invisible à l’œil nu.
La nuit, avec son voile sombre, n’est pas un simple moment de passage entre deux jours ; elle est une dimension, une invitation à entrer dans un espace sacré où les frontières du connu s’estompent. C’est dans cette obscurité que l’on rencontre ses ombres, ces parts de soi que la lumière du jour maintient cachées. Là, dans le silence de la nuit, les murmures de l’âme deviennent plus audibles, plus clairs. Chaque souffle, chaque battement de cœur, résonne avec une intensité nouvelle, rappelant que sous la surface du visible, se trouve un monde encore plus vaste et plus mystérieux.
La pénombre, cette transition douce entre lumière et ténèbres, nous rappelle que rien n’est jamais complètement noir ou blanc. C’est un lieu d’ambiguïté, de subtilité, où les formes se floutent, où les contours se mélangent, et où l’esprit est invité à lâcher prise sur les certitudes. C’est là, dans cette lueur vacillante, que l’on apprend à naviguer dans l’inconnu, à embrasser l’incertitude, à trouver la beauté dans ce qui est partiellement révélé, partiellement caché.
L’obscurité, loin d’être une absence, est en fait une présence puissante. C’est dans le noir que l’on trouve la matrice de toute création, l’espace où naissent les rêves, les intuitions, les révélations. La nuit enveloppe le monde d’un manteau de mystère, une invitation à plonger dans les profondeurs de l’inconscient, à explorer les recoins oubliés de l’âme, à se laisser porter par les courants invisibles qui guident notre destinée.
C’est dans l’obscurité que les graines germent, que la terre se régénère, que l’univers respire. La nuit est un berceau, un refuge où l’âme peut se retirer du monde visible pour retrouver sa source, son origine. Elle nous apprend que la lumière a besoin de l’ombre pour exister, que la clarté n’est précieuse que parce qu’elle émerge de la pénombre.
Embrasser l’obscurité, c’est accepter que le chemin vers la vérité passe par des zones de doute, de questionnement, de repli. C’est comprendre que la croissance spirituelle, la véritable transformation, ne se fait pas uniquement sous le soleil éclatant, mais aussi dans les nuits les plus profondes de l’âme.
La nuit, avec toute sa majesté silencieuse, nous enseigne la patience, le courage d’attendre, de plonger dans l’inconnu sans peur. Elle nous rappelle que ce n’est qu’en fermant les yeux sur le monde extérieur que l’on peut ouvrir ceux de l’esprit, et voir ce qui se cache derrière le voile de la réalité quotidienne.
L’obscurité, la pénombre, la nuit – elles ne sont pas à craindre, mais à accueillir. Car c’est là, dans cette immensité noire, que se trouve la véritable lumière, celle qui brille au plus profond de nous, immuable, éternelle. C’est dans le cœur de la nuit que l’on découvre que l’obscurité n’est pas l’opposé de la lumière, mais son complément, son alliée, son origine.
6.
Revenir à la réalité après un temps passé dans le Kuti, c’est comme tenter de réintégrer une ancienne carcasse, une enveloppe corporelle devenue soudainement étrangère, lourde, presque grossière. Après avoir touché les profondeurs de l’âme, après avoir goûté au silence le plus pur, au vide le plus sacré, chaque son, chaque saveur, chaque geste du monde extérieur semble brutal, presque offensant. C’est comme si le monde, dans toute sa matérialité, se révélait soudainement trop bruyant, trop dur pour l’esprit qui a goûté à la délicatesse infinie de l’intériorité.
Les bruits familiers de la vie quotidienne, jadis imperceptibles, résonnent maintenant avec une intensité écrasante. Chaque cliquetis, chaque voix, chaque froissement d’objet semble heurter les sens, comme une cacophonie désordonnée, en dissonance avec la paix que l’on vient de quitter. Le monde extérieur, autrefois si familier, semble soudainement distant, presque irréel, comme un souvenir d’une vie antérieure qui n’appartient plus tout à fait à ce que l’on est devenu.
Les saveurs, autrefois si convoitées, se dévoilent avec une violence insoupçonnée. Le goût est trop fort, trop présent, presque agressif pour des papilles qui ont été purifiées par l’absence, par le jeûne subtil des Rasayanas. Ce qui était autrefois un plaisir devient une épreuve, une confrontation avec la matérialité brute de la vie terrestre.
Le corps, ce véhicule fidèle mais limité, semble lourd, maladroit, comme un habit devenu trop serré, trop rigide pour l’esprit expansé qui a goûté à l’infini. Chaque mouvement semble contraint, chaque geste mécanique, loin de la fluidité subtile de l’âme qui a appris à se mouvoir dans le silence intérieur. C’est comme si l’âme, ayant touché à sa nature véritable, refusait de se laisser emprisonner à nouveau dans la densité de la matière.
Le retour à cette réalité physique est un choc, une collision entre l’infinité de l’esprit et la grossièreté du monde matériel. C’est un moment de lucidité crue, où l’on réalise à quel point ce que nous considérions comme normal est en fait étranger à la véritable nature de l’âme. Tout semble soudainement loin, détaché, comme une scène jouée derrière une vitre, un film dont les couleurs sont trop criardes, les sons trop aigus, les gestes trop vides de sens.
Mais c’est précisément dans cette expérience que réside la clé. Ce retour, aussi douloureux soit-il, est une invitation à intégrer ce que l’on a découvert dans le silence du Kuti. À ne pas simplement retourner à l’ancien, mais à transfigurer cette existence matérielle avec la sagesse et la douceur que l’on a trouvées au plus profond de soi. À ne plus être totalement de ce monde, tout en continuant à y vivre, avec une conscience élargie, un cœur apaisé, et un esprit qui sait désormais où réside la véritable paix.
Cette sensation d’étrangeté, de décalage, est le signe que quelque chose de profond a changé. Que l’on ne peut plus voir, entendre, goûter le monde de la même manière, parce que l’âme a été touchée par quelque chose de plus grand, de plus vrai. Et c’est cette transformation qui est la véritable essence du retour : apprendre à vivre dans ce monde, mais avec la connaissance intime qu’il y a un autre monde, plus subtil, plus pur, qui vit en nous et auquel nous pouvons toujours revenir.
7.
Le choix que j’ai fait, ce pacte intime avec moi-même, est de m’offrir chaque mois un retrait en Kuti, un moment sacré, non négociable, où je retourne à la maison de mon âme. C’est un acte de dévotion profonde, une réponse à cette nostalgie de l’ailleurs, cette mélancolie spirituelle qui murmure en moi depuis toujours, cette quête incessante de retrouver l’essence de ce que je suis, au-delà des voiles du monde.
Chaque mois, je me retire dans ce sanctuaire intérieur, un espace de silence et de solitude où l’âme peut respirer librement, loin du tumulte et des exigences incessantes de la vie quotidienne. Ce Kuti devient plus qu’un simple lieu ; il est le foyer de mon être, un refuge où je me reconnecte à ce qui est éternel en moi, à cette partie de moi-même qui se souvient toujours de l’ailleurs, de ce lieu d’origine que l’âme reconnaît instantanément, même au milieu des dédales du temps et de l’espace.
Dans ce choix, il n’y a pas de compromis, pas de demi-mesure. C’est une nécessité vitale, une promesse à mon être le plus profond. Chaque retrait est un retour à la maison, un retour à cette essence que j’ai parfois du mal à toucher dans l’agitation du monde extérieur. C’est là, dans le Kuti, que je retrouve cette paix ancienne, ce silence qui m’appelle et me berce, qui me rappelle que tout ce que je cherche a toujours été là, au plus profond de moi.
Il y a une douce mélancolie dans ce retour, une reconnaissance que, malgré toutes les beautés du monde, l’âme aspire toujours à quelque chose de plus, quelque chose de plus vaste, de plus vrai, qui ne peut être trouvé qu’en plongeant dans l’intériorité. Ce choix est une réponse à cette nostalgie, ce désir ardent de retrouver cet “ailleurs”, cet état d’être où l’âme se sent pleinement elle-même, libre des contraintes et des masques que la vie impose.
Chaque fois que je retourne dans le Kuti, je me rends hommage. Je reconnais que ce besoin de silence, de solitude, de retour à l’essentiel, n’est pas une fuite, mais une quête. C’est un retour à ce lieu sacré où l’âme et le corps se rencontrent en parfaite harmonie, où le temps s’efface, où les préoccupations se dissolvent, laissant place à la pureté de l’existence nue.
Ce choix de m’offrir ce retrait mensuel est un acte de souveraineté sur ma vie, une affirmation que, au milieu de toutes les obligations, je me dois de revenir à moi-même, de revenir à cette maison intérieure qui m’a toujours attendu. C’est un engagement envers cette partie de moi qui sait, qui se souvient, et qui n’aspire qu’à une chose : se retrouver, se ressourcer, se reconnecter à cette vérité intemporelle qui est au cœur de mon être.
Dans ce retour régulier, il y a une guérison, une réconciliation avec l’âme, une reconnaissance de ce besoin fondamental d’espace, de silence, de solitude pour que la véritable nature de l’être puisse s’épanouir. C’est un acte d’amour envers moi-même, une offrande à mon essence, une manière de dire à mon âme : je n’ai pas oublié, je suis là, je reviens à la maison, encore et encore, car c’est ici, dans ce silence sacré, que je trouve la paix que je cherche, la paix que je suis.
8.
“Ce n’est pas une fuite, c’est une quête.”
Ces mots résonnent comme une vérité profonde, un rappel que choisir de se retirer, de se déconnecter du monde, n’est pas un acte de lâcheté ou d’évitement, mais un voyage courageux vers l’intérieur, vers la source même de ce que nous sommes. Il est facile de confondre le désir de solitude et de silence avec une forme d’évasion, mais en réalité, c’est tout le contraire. C’est un engagement envers soi-même, un appel à explorer des dimensions plus vastes de l’être, au-delà du tumulte et des distractions de la vie quotidienne.
Fuir, c’est tourner le dos à quelque chose ; quêter, c’est se diriger vers quelque chose de plus grand, de plus vrai. Se retirer dans un Kuti, se plonger dans le silence et l’obscurité, ce n’est pas abandonner le monde, c’est se donner les moyens de le comprendre et de l’affronter avec une clarté renouvelée. C’est un voyage vers la vérité, un pèlerinage intérieur où chaque pas nous rapproche un peu plus de notre essence, de cette partie de nous-mêmes qui reste intacte et pure, malgré les tempêtes extérieures.
Dans ce voyage, il n’y a pas de fuite des responsabilités, des relations, ou des défis de la vie. Au contraire, il s’agit de les affronter de manière plus authentique, plus alignée avec ce que nous sommes profondément. La quête est celle de la vérité, de la paix intérieure, de la réconciliation avec soi-même. C’est un acte de courage, de s’asseoir avec ses peurs, ses doutes, ses désirs, et de les regarder en face, sans détourner le regard.
Le monde extérieur peut être un tourbillon de confusion, de bruit, et d’agitation. Se retirer dans le Kuti, c’est choisir de ne pas être emporté par ce courant, mais de plonger dans les eaux profondes de son propre être. Là, dans cette tranquillité retrouvée, on découvre que ce que l’on cherche à l’extérieur se trouve déjà à l’intérieur. La quête devient une redécouverte, une revalorisation de ce qui est véritablement essentiel.
Ce n’est pas une fuite, car on ne fuit pas pour se cacher, mais pour se révéler. La quête est celle de l’authenticité, de la sagesse, de l’amour propre et de l’amour universel. C’est un chemin vers la lumière intérieure, une lumière qui, une fois retrouvée, illumine non seulement notre propre chemin, mais aussi celui des autres.
En fin de compte, ce retrait est un acte d’amour envers soi-même, un engagement à vivre une vie plus pleine, plus consciente, plus vraie. Ce n’est pas un refus du monde, mais une préparation à y retourner plus fort, plus clair, plus aligné avec son âme. Ce n’est pas une fuite de la réalité, mais une quête de la réalité la plus profonde, celle qui nous rappelle qui nous sommes vraiment, et pourquoi nous sommes ici.
“Ce n’est pas une fuite, c’est une quête.” C’est un retour à la maison, un retour à soi, un retour à la source.
Armanda Dos Santos
Cure Rasayana : https://www.ecoleyogaayurveda.com/cures-rasayana