Vouloir plaire à tous, c’est s’éparpiller, se diluer, devenir une version amoindrie de soi-même. C’est sacrifier ses aspérités pour entrer dans le moule rassurant de l’approbation générale. Mais à quoi bon exister si l’on n’est qu’un reflet ajusté aux attentes des autres ? À vouloir être tout pour tout le monde, on finit par n’être rien pour soi-même.
Les grandes choses appartiennent aux grands. Elles s’élèvent, majestueuses et inaccessibles, là où seuls ceux qui osent s’affranchir des attentes collectives peuvent les atteindre. Elles ne s’offrent pas aux cœurs tièdes, ni aux âmes en quête de validation. Elles appartiennent à ceux qui sont prêts à s’avancer seuls, avec courage, sans se soucier des regards.
Les abîmes, eux, sont pour les âmes profondes. Ceux qui n’ont pas peur de plonger dans leurs propres ténèbres pour en extraire des vérités insoupçonnées. C’est un voyage exigeant, mais riche, où la superficialité ne peut suivre. Les abîmes exigent une présence, une gravité, un silence intérieur que seules les âmes prêtes à s’interroger possèdent.
Les finesses, elles, sont pour les esprits subtils. Ceux qui discernent la nuance, qui perçoivent ce qui se cache derrière le voile des apparences. Ces esprits ne courent pas après le bruit des applaudissements. Ils murmurent, ils sculptent, ils tissent des idées délicates là où d’autres ne voient que le vide. Ce sont les chercheurs d’invisible, les amoureux de l’infime, ceux qui honorent la complexité de l’existence.
Et enfin, les bizarreries, ces choses incomprises et parfois rejetées, sont destinées aux êtres singuliers. À ceux qui ont refusé de rentrer dans les rangs. À ceux dont l’âme danse à contre-courant, qui embrassent leur différence comme un trésor sacré. Être bizarre, c’est souvent être en avance sur son temps, c’est oser l’authenticité dans un monde qui impose la conformité.
Se libérer du besoin de plaire, c’est choisir son camp : celui des grands, des profonds, des subtils, des singuliers. C’est accepter que notre essence ne sera pas toujours comprise, que nos choix ne feront pas toujours l’unanimité. Mais c’est aussi un acte de vérité, de fidélité à soi-même.
Car il y a dans cette liberté un pouvoir immense : celui de ne pas s’encombrer des attentes étrangères pour se dédier à l’essentiel, à ce qui nous ressemble et nous élève. Les grandes âmes savent que plaire à tout le monde est une illusion, un gaspillage de soi. Leur quête n’est pas celle de la reconnaissance immédiate, mais celle de la résonance vraie.
Alors débarrassons-nous du mauvais goût de l’approbation universelle. Choisissons la grandeur, la profondeur, la subtilité, l’étrangeté. Choisissons d’être, tout simplement, tels que nous sommes : singuliers, imparfaits, mais vrais.
Armanda Dos Santos