Il est tout à fait possible, avec un peu de vigilance, d’avancer en âge sereinement, en gardant toute sa tête ! Mais cela ne se décrète pas quand apparaissent les premiers symptômes d’Alzheimer, Parkinson, ou autres. Le cerveau lui aussi s’entretient et peut même ainsi se régénérer.
Des aptitudes sous influence
Le cerveau semble bien à l’abri dans notre boîte crânienne ! Il est aussi sous la protection de la barrière hémato-encéphalique chargée d’interdire l’accès aux neurones par d’éventuels agents pathogènes et autres toxines qui circuleraient dans le sang. Malheureusement, cette barrière n’est pas infranchissable. L’alcool, le tabac, de nombreuses substances synthétiques alimentaires et médicamenteuses ou encore le brouillard électromagnétique, la rendent perméable.
La pénétration progressive de polluants dans le cerveau ouvre la voie à des phénomènes inflammatoires au cœur même du cortex cérébral. De légères pertes de mémoire en troubles de la concentration, la fatigue psychique s’installe, et prépare, lentement, les vraies maladies comme Alzheimer, Parkinson, et autres dépressions. Ces polluants sont nombreux aujourd’hui et omniprésents. Les métaux lourds comme le mercure et l’aluminium, au même titre que le plomb, sont connus pour être neurotoxiques.
Difficile aussi de se soustraire à la pollution aux PCB, qui se retrouvent encore couramment dans des produits animaux et végétaux. Il faut également ajouter des ingrédients alimentaires de synthèse, particulièrement le glutamate(exhausteur de goût souvent utilisé dans la cuisine asiatique), l’aspartame, les colorants et arômes artificiels. Des scientifiques indépendants, comme, par exemple, le Pr Belpomme dénoncent inlassablement leur neurotoxicité. Le cerveau peut aussi pâtir d’une hygiène de vie dommageable. Une mauvaise qualité de sommeil se répercute sur les capacités cérébrales à tout âge de la vie. C’est une phase essentielle dans le développement du cerveau des enfants et dans leur apprentissage, ainsi que pour le maintien des capacités cognitives des jeunes et des moins jeunes. Le stress, lorsqu’il est devenu un mode de fonctionnement, a des conséquences physiologiques sur le cerveau : le Pr Robert Sapolsky, de l’université de Stanford, a démontré que le stress prolongé entraîne une sécrétion de cortisol quasi permanente, qui provoque des pertes de neurones et perturbe la réceptivité des neurotransmetteurs comme la sérotonineou la dopamine. Quant à la télévision, si elle ne porte pas de mentions de mise en garde, elle n’en constitue pas moins une drogue pour le cerveau. Plus que jamais il faut nous reconnecter avec des éléments positifs pour une bonne hygiène cérébrale. Ainsi, le contact avec la nature et avec ses semblables, une vie riche intellectuellement et émotionnellement est indispensable.
Des végétaux bien connectés
Pour entretenir toutes les connexions cérébrales, de nombreuses plantes ont fait preuve de leur efficacité. Parmi elles et issu de la médecine ayurvédique, le bacopa (Bacopa monnieri) se révèle un bon soutien de la mémoire. On peut faire plusieurs cures dans l’année. Également très présent en Inde, le basilic sacré, en aidant à réguler la tension nerveuse et à éviter l’emballement des glandes surrénales sous l’effet du stress, constitue aussi un très bon protecteur cérébral. Utilisable aussi bien en décoction qu’en infusion, il apaise l’hyperactivité mentale et facilite également la digestion et le sommeil. Le griffonia (Griffonia simplicifolia) stimule efficacement les neurotransmetteurs du bien-être et du sommeil que sont la sérotonine et la mélatonine, et contribue donc à une meilleure santé cérébrale. N’oublions pas les plantes adaptogènes qui permettent d’augmenter la résistance au stress et d’améliorer les performances physiques et psychiques comme le ginseng, l’éleuthérocoque ou la rhodiola. Plusieurs huiles végétales contiennent des acides gras indispensables au cerveau.
Citons les huiles d’onagre, de bourrache ou de lin qui sont connues pour ralentir le vieillissement tissulaire au niveau de la peau, des artères ou des yeux, mais trouvent aussi leur application dans le cerveau. L’huile de germe de blé, riche en vitamine E, est intéressante car protectrice des membranes cellulaires. Dans des situations de stress difficile à gérer, le kudzu peut être une aide précieuse pour limiter et contrôler ses effets, non seulement sur le cerveau, mais aussi sur le rythme cardiaque et les fibres musculaires digestives. La petite pervenche (Vinca minor) est une fleur assez commune des sous-bois dans toute l’Europe, et elle s’adapte facilement un peu partout. Pourquoi pas dans votre jardin ? L’intérêt de la petite pervenche réside dans sa feuille, et se nomme vincamine. Cet alcaloïde possède un pouvoir oxygénateur cérébral et vasodilatateur de la microcirculation, permettant une action protectrice sur les capillaires. C’est donc un très bon remède naturel pour les problèmes liés à l’insuffisance circulatoire cérébrale. Elle aide aussi à faire baisser la pression artérielle, elle atténue les pertes d’équilibre et autres vertiges. Elle aurait même « inspiré » l’écrivain Jean-Jacques Rousseau ainsi que de nombreux poètes, jusqu’à Brassens.
Les rouages cérébraux ont besoin d’huile
Notre cerveau est constitué de 60 % de matières grasses, et plus de 70 % d’entre elles sont des acides gras oméga 3. N’étant pas fabriqués par l’organisme, ils doivent être apportés par l’alimentation. Plusieurs huiles végétales constituent des fournisseurs de premier choix. La championne, l'huile de périlla , contient 65 % d’oméga 3. Mais elle est chère. On pourra se tourner vers l’huile de lin et l’huile de germe de blé. Grâce à ces acides gras essentiels, les connections entre les cellules cérébrales sont plus fluides. Des études ont prouvé que si le cerveau du bébé manque d’oméga 3 son QI sera moins élevé que celui des enfants en ayant plus consommé. Plusieurs études ont établi un lien entre un problème de taux d’oméga 3 dans le cerveau et la démence sénile ou la maladie d’Alzheimer. Aucune étude n’a pu démontrer qu’elle pourrait la ralentir.
Peut-on croire au ginkgo ?
Dans ma pratique d’herboriste, j’ai rarement constaté d’effet tangible du ginkgo sur la circulation proprement dite, l’hamamélis et la vigne rouge me semblent mieux convenir. Pour autant la conclusion de l’AFSSAPS jugeant le rapport bénéfice/risque défavorable pour les médicaments à base de ginkgo est excessive. En effet, les propriétés du ginkgo agissent sur des paramètres qui peuvent profiter indirectement à la microcirculation, notamment par son caractère oxygénant et antioxydant. Autant de bénéfices dont profite aussi le cerveau, ce que confirme mon expérience. D’ailleurs, comme le faisait remarquer une étude américaine qui, fin 2008, s’était déjà interrogée sur l’efficacité du ginkgo « le délai entre les modifications initiales du cerveau et l’apparition des premiers signes cliniques est très long ». En fait, mieux vaut voir le ginkgo comme un véritable coureur de fond en tant que protecteur de la fonction cérébrale. Reste que, sans vouloir disqualifier le ginkgo, d’autres alternatives peuvent se révéler plus complètes et plus rapides : ce sont les plantes d’harmonie, ou adaptogènes. Leurs aptitudes à équilibrer les principales composantes physiologiques du corps, et le système nerveux en premier lieu, font d’elles des acteurs de premier choix dans la protection du cerveau. La rhodiola est sans doute la plus rapide à manifester les premiers signes d’amélioration. Mais l’éleuthérocoque, le ginseng, la schizandra et l’ashwagandha ne sont pas en reste sur ce créneau. À vous de trouver quel adaptogène vous convient le mieux. Et puis, ces plantes dispensent de tels effets complémentaires positifs qu’il ne faut pas s’en priver.
par Jean-François Astier