Soi : « Pourquoi es-tu si bruyant ? À chaque pas que je fais vers la paix, tu t’agites, tu cries, tu veux être vu, reconnu. Ne te rends-tu pas compte que tu m’éloignes de ce que je suis vraiment ? »
Ego : « Et toi, pourquoi cherches-tu à m’éteindre ? Je ne suis pas ton ennemi, je suis celui qui t’a permis de survivre, d’affirmer ton existence. Sans moi, qui es-tu ? Une ombre invisible, une idée floue ? »
Soi : « Tu confonds survie et essence. Je n’ai pas besoin de ta peur pour exister, ni de tes masques pour être. Je suis. Je n’ai pas besoin de te prouver quoi que ce soit. »
Ego : « Et pourtant, sans moi, tu n’aurais pas de visage. Je suis celui qui te donne une forme, une identité dans ce monde. Si je suis bruyant, c’est parce que tu me négliges. Je ne cherche pas à te détruire, je cherche à être entendu. »
Soi : « Être entendu, dis-tu ? Mais chaque fois que je t’écoute, tu me parles de comparaison, de possession, de peur de manquer. Tu me murmures que je ne suis pas assez, que je dois être plus, prouver plus. C’est un dialogue sans fin, épuisant. »
Ego : « Parce que tu veux m’éliminer au lieu de me comprendre. Je ne suis qu’un enfant apeuré qui cherche à protéger ce qu’il croit fragile en toi. Mais si tu m’éduques, si tu m’apprivoises, je peux devenir ton allié. Je peux être le pont entre toi et le monde, au lieu d’être le mur. »
Soi : « Alors apprends à te taire. Laisse-moi être en silence, dans cet espace où je n’ai rien à prouver, où tout est déjà suffisant. »
Ego : « Et si je me tais, que deviendras-tu dans ce monde bruyant ? Qui écoutera ta voix ? »
Soi : « La vraie voix ne crie pas, elle résonne. Elle ne dépend pas de l’approbation des autres, elle existe dans sa propre plénitude. Quand tu t’apaises, je deviens clair, limpide, inébranlable. »
Ego : « Alors montre-moi ce silence. Montre-moi cette force que tu prétends être. Et si je vois que tu es suffisant sans moi, je m’inclinerai. Mais si tu doutes, si tu faiblis, je reviendrai pour te rappeler que ce monde n’est pas fait pour les rêves abstraits. »
Soi : « Viens. Regarde. Le silence n’est pas une faiblesse. C’est la source de toute force, la toile sur laquelle tout est peint. Ensemble, nous pouvons exister, mais pas comme adversaires. Toi, mon forme. Moi, ton essence. »
Ego : « Et si je m’incline, promet-moi une chose : ne m’abandonne pas. Car même si je suis ton ombre, je suis aussi le reflet de ta lumière. »
Soi : « Je ne t’abandonnerai pas, mais je ne te laisserai plus guider. Tu seras l’outil, non le maître. Ensemble, nous danserons, mais c’est moi qui mènerai la danse. »
Armanda Dos Santos