Dans le tumulte de l’existence, où les rencontres s’éparpillent comme des feuilles emportées par le vent, il est des âmes qui se contentent de frôler la surface de notre vie. Elles glissent, légères, sans jamais s’arrêter, nous laissant peut-être un souvenir fugace, mais rien qui puisse troubler la profondeur de notre être. Et puis, il y a celles qui s’attardent.
Ces âmes-là ne se contentent pas de passer. Elles s’immiscent en nous, sans fracas, comme une lumière douce qui pénètre par une fissure. Elles ne demandent rien, elles n’imposent rien, mais elles s’installent là, entre deux battements, dans cet espace où se cache tout ce qui est fragile et précieux.
Ces rencontres ne sont jamais ordinaires. Elles ne se crient pas, elles ne se revendiquent pas. Elles se vivent. Elles transforment. Car lorsqu’une telle âme croise notre chemin, elle ne se contente pas de nous accompagner un instant ; elle remodèle une part de nous. Elle emporte quelque chose, un fragment d’intimité que nous ne savions même pas vouloir donner. Mais en retour, elle laisse un écho.
Cet écho, c’est l’amour. Pas un amour possessif ou limité, mais un amour vaste, inconditionnel, qui s’inscrit dans la durée sans avoir besoin d’être entretenu. C’est une vibration qui persiste, même quand l’autre s’éloigne, même quand les silences s’étirent. Ce qu’elles nous donnent, ces âmes rares, ce n’est pas seulement leur présence : c’est une part d’éternité, un goût de ce qui dépasse le temps et l’espace.
On ne guérit jamais tout à fait de ces rencontres, et c’est peut-être cela, leur véritable cadeau. Car elles nous rappellent que nous ne sommes pas des îles isolées, que quelque chose en nous peut toujours être touché, déplacé, transformé. Elles nous enseignent que l’amour, dans sa forme la plus pure, ne possède rien mais libère tout.
Et si ces âmes disparaissent un jour, elles ne partent jamais vraiment. Ce qu’elles ont laissé en nous continue de vibrer, de grandir, de nous habiter. Elles deviennent des traces lumineuses dans notre mémoire, des souffles invisibles qui nous accompagnent dans les moments de doute, des présences subtiles qui murmurent au creux de nos silences : “Rien n’est jamais perdu.”
Ces âmes, finalement, ne passent pas. Elles restent. Pas à nos côtés, peut-être, mais en nous, profondément et pour toujours.
Armanda Dos Santos