L'expérience du Kuti est une plongée dans les eaux profondes de l'être, où il est souvent difficile de trouver les mots justes pour décrire les sensations et émotions vécues. C'est un voyage intérieur marqué par une intensité telle que l'ambivalence des émotions rend presque impossible une description claire et linéaire. Entre éveil et désespoir, grâce et inconfort, moments de profond éveil et plongées dans des tréfonds insupportables, l'expérience dépasse les mots, les défie.
D'un côté, il y a ces moments d'éveil, ces éclairs de clarté qui surgissent de l'obscurité, où chaque pensée, chaque sensation semble soudain résonner avec une vérité insaisissable. Ces instants de pure lumière, où tout devient lumineux, évident, nous laissent sans voix, comme si les mots eux-mêmes étaient insuffisants pour capturer l'essence de ce que l'on ressent. C'est une révélation muette, une connaissance silencieuse qui dépasse la compréhension intellectuelle et qui se vit dans la profondeur de l'être.
Et puis, il y a le désespoir, ce sentiment de chute libre dans les recoins les plus sombres de soi-même. Dans le Kuti, où le silence et l'obscurité sont absolus, on fait face à des peurs et des doutes si profonds qu'ils semblent engloutir tout. Comment décrire cette confrontation avec soi-même, quand les mots semblent trop pauvres, trop plats pour traduire l'ampleur de l'émotion ressentie ? Le désespoir est à la fois terrifiant et libérateur, un gouffre et une porte, une expérience si intime et intense qu'elle échappe à toute tentative de verbalisation.
Il y a aussi ces moments de grâce, où l'on sent une douceur infinie, une légèreté enveloppante qui semble nous bercer dans une présence aimante et bienveillante. Comment expliquer cette sensation de plénitude, cette paix inexplicable qui descend sur nous comme un voile délicat ? Les mots sont à la fois trop lourds et trop légers pour rendre justice à la délicatesse de la grâce ressentie. C'est une expérience qui se passe de commentaires, une émotion qui se savoure en silence, un instant de connexion pure qui ne peut être vraiment partagé qu'en le vivant.
Et puis, vient l'inconfort, ce malaise physique et mental qui surgit quand le corps et l'esprit résistent au silence, à la faim, à l'immobilité. Cet inconfort, qui est à la fois une torture et une bénédiction, un rappel brutal de nos limites et une invitation à les transcender, est difficile à décrire car il touche à des couches de l'être qui ne sont pas souvent explorées. C'est un combat intérieur, une tension entre le désir de fuir et la volonté de rester, un tiraillement constant que les mots peinent à saisir dans toute sa complexité.
Entre ces extrêmes, l'expérience du Kuti est un voyage à travers des émotions si contrastées qu'il est presque impossible de les exprimer pleinement. Les mots semblent toujours manquer, toujours échouer à rendre compte de la richesse et de la profondeur de ce qui est vécu. Comment expliquer ce mélange d'éveil et de désespoir, de grâce et d'inconfort, quand chaque émotion semble contenir son contraire, quand chaque sentiment est à la fois une ouverture et une fermeture, une ascension et une descente ?
Vivre dans le Kuti, c'est accepter l'indescriptible, c'est se plonger dans des émotions qui échappent à la logique et au langage, c'est naviguer dans une mer d'ambivalences sans boussole, sans carte. C'est une expérience qui se vit plus qu'elle ne se dit, une vérité qui se ressent plus qu'elle ne se pense. C'est un chemin vers une connaissance de soi qui ne peut être pleinement partagée, une aventure intérieure où les mots sont à la fois nécessaires et inutiles, un voyage où le silence est parfois le meilleur des guides.
Armanda Dos Santos
25 août 2024