La Bhagavad-Gîtâ (le Chant du Bienheureux Seigneur) est le texte le plus sacré de tout l’enseignement du Yoga. Il fait partie du Mâhabâratha, grand poème épique de l’Inde ancienne. Le Yoga Suprême y est exposé en 18 chapitres, par Krishna l’Instructeur Divin. Les indianistes pensent que la Bhagavad-Gîtâ a été écrite entre le Ve et le IIe siècle av. J.-C. Voici l'essence même de cet enseignement. La Bhagavad-Gîtâ demande a être lue avec dévotion tous les jours de notre vie, pour bien rentrer dans toute la profondeur de son enseignement, qui inclut les différentes voies du Yoga : Karma-yoga - Râja-yoga - Jnâna-yoga - Bhakti-yoga. (traduction de Shrî Aurobindo - Spiritualités vivantes Albin Michel éditeur) (Traduction de Shrî[][]
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CHAPITRE 2
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« |...| Sache-Le impérissable, Ce par quoi tout ce monde est étendu. Qui peut tuer l'Esprit immortel ? Les corps limités ont une fin, mais ce qui possède et emploie le corps est infini, illimitable, éternel, indestructible. Ainsi donc, ô Bhârata, lutte ! Celui qui regarde ceci comme ce qui tue et celui qui pense que ceci est tué, ni l'un ni l'autre ne perçoivent la Vérité. Ceci ne tue pas, ni n'est tué. Ceci ne naît ni ne meurt et ce n'est pas une chose qui un jour commença d'exister et qui, s'en allant, ne reviendra jamais plus à l'existence. C'est non-né, ancien, éternel ; ce n'est pas tué lorsqu'est tué le corps. »
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« Tu as droit à l'action, mais seulement à l'action et jamais à ses fruits ; que les fruits de tes actions ne soient point ton mobile ; et pourtant ne permets en toi aucun attachement à l'inaction. Etabli dans le Yoga, accomplis tes actions, ayant abandonné tout attachement, égal dans l'échec et dans le succès, car c'est égalité que signifie le Yoga. »
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« Les œuvres, ô Dhananjaya, sont bien inférieures au Yoga de l'intelligence ; ce sont de pauvres âmes misérables, celles qui font du fruit de leurs œuvres l'objet de leurs pensées et de leurs activités. Celui qui a uni avec le Divin sa raison et sa volonté, celui-là rejette loin de lui-même en ce monde des dualités, à la fois l'action bonne et l'action mauvaise.
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« Aussi efforce-toi d'être en Yoga ; le Yoga est l'habilité dans les œuvres. Les sages qui ont unis avec le Divin leur raison et leur volonté renoncent aux fruits que donne l'action et libérés de la servitude de la naissance, ils parviennent à cet état qui est par-delà la souffrance. »
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« Quand un homme, ô Pârtha, chasse de son esprit tous désirs et qu'il est satisfait dans le moi par le moi, on le dit alors stable en son intelligence. Celui dont le mental n'est pas troublé au milieu des chagrins et qui, parmi les plaisirs, reste libre de désirs, celui qu'ont quitté attraction, peur et colère, celui-là est le sage dont est fermement fixé l'entendement. Qui en nulle chose n'est affecté, même si tel bien ou tel mal lui échoit et ne hait ni ne se réjouit son intelligence est fermement établie dans la sagesse. »
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« Pour qui n'est pas en Yoga, il n'est ni intelligence, ni concentration de pensée ; pour qui est sans concentration, il n'y a pas de paix : et pour qui est sans paix, comment y aurait-il bonheur ? Tel de nos sens vagabonds auquel s'attache le mental emporte la compréhension, comme sur l'océan les vents emportent un navire. »
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« Aussi, guerrier au bras puissant, chez celui qui a réfréné entièrement l'excitation des sens par leurs objets, l'intelligence est fermement établie dans une calme connaissance de Soi. Cet être supérieur qui pour toutes les créatures est une nuit, est pour le sage qui se maîtrise l'état de veille ; la vie des dualités qui est pour les créatures l'état de veille est une nuit pour le sage qui voit. »
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« Celui-là atteint la Paix, en qui tous les désirs pénètrent comme les eaux dans l'océan, qui toujours se remplit et pourtant demeure immobile - non pas celui qui comme les eaux troubles et boueuses est troublé par le moindre afflux de désir. »
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« Qui abandonne tous les désirs et vit et agit libre de tout appétit, qui n'a ni « moi » ni « mien », il parvient à la grande Paix. Telle est brâhmâ sthiti (état de stabilité en Brahman), ô fils de Prithâ. L'ayant atteint, l'homme n'est plus égaré. Ferme en cet état à l'heure de sa fin, il peut parvenir à l'extinction en Brahman. »
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CHAPITRE 3
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« En ce monde, double est l’effort de l’âme sur elle-même, comme Je l’ai dit déjà, ô toi sans péché : celui des sâmkhiens par le Yoga de la connaissance, celui des yogins par le Yoga des œuvres. Ce n’est pas en s’abstenant des œuvres qu’un homme jouit de la non-activité, ni en renonçant seulement aux œuvres qu’il parvient à sa perfection. Car nul ne demeure même un instant sans action ; tout être est inévitablement contraint à l’action par les modes nés de Prakriti. »
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« En faisant les œuvres autrement que comme sacrifice, ce monde des hommes est tenu enchaîné par les œuvres ; pratique les œuvres en tant que sacrifice, ô fils de Kuntî, te libérant de tout attachement. Avec le sacrifice le Seigneur des créatures créa jadis les créatures et dit : Par ceci tu engendreras ; que ceci soit pour toi la « vache qui exauce les désirs ». Par ceci nourris les dieux et laisse les dieux te nourrir. L'un par l'autre étant nourri, tu atteindras le bien suprême. »
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« De même que ceux qui ne savent agissent avec attachement à l’action, celui qui sait doit agir sans attachement, ayant pour mobile de maintenir ensemble les peuples. Il ne doit point jeter le trouble dans l’entendement des ignorants attachés à leurs œuvres ; il doit les engager dans toutes les actions, qu’il accomplit lui-même avec connaissance et en Yoga.
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« Abandonnant tes œuvres à Moi, ta conscience fondée dans le Moi, libre de désir et d'égoïsme, lutte libéré de la fièvre de ton âme. Ceux qui, ayant la foi et ne se fiant pas à l'intelligence critique, suivent constamment cet enseignement que je donne, sont aussi libérés de la servitude des œuvres. Mais ceux qui censurent Mon enseignement et n'y conforment pas leurs actes, sache que leur mental n'est pas mûr, que leur connaissance entière est égarée et qu'ils sont voués à la destruction. »
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« C'est le désir et sa compagne la colère, enfants de rajas, qui souillent tout, qui dévorent tout. Sache que c'est là le grand ennemi de l'âme qu'il faut abattre. Comme un feu est recouvert par la fumée, un miroir par la poussière et un embryon entouré par l'amnios, de même cette connaissance est enveloppée par lui. Enveloppée est la connaissance, ô Kaunteya, par cet ennemi éternel de la connaissance qui sous la forme du désir est un feu insatiable. Les sens, le mental et l'intellect en sont le siège ; enveloppant par eux la connaissance, il égare l'âme incarnée. »
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« Aussi, ô toi le meilleur des Bhâratas, maîtrisant d'abord les sens, abats cet objet de péché destructeur de connaissance. Suprêmes, disent-ils, sont les sens ; souverain sur les sens est le mental ; souveraine sur le mental est la volonté intelligente ; ce qui est souverain sur la volonté intelligente, c'est Lui. Ainsi, par la compréhension t'éveillant au Suprême, qui est au-delà même du mental de discernement, donnant force au Moi par le Moi pour le rendre stable, ô guerrier au bras puissant, abats cet ennemi à forme de désir, qu'il est si dur d'attaquer. »
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CHAPITRE 4
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« Nombreuses sont mes vies passées et les tiennes aussi, ô Arjuna ; toutes Je les connais, mais tu ne les connais pas, ô fléau des ennemis. Bien que je sois le non-né, bien que Je sois impérissable dans Mon existence propre, bien que Je sois le Seigneur de toutes les existences, cependant Je repose sur Ma propre nature et Je prends naissance par Ma propre mâyâ. Chaque fois que le dharma s'efface et que monte l'injustice, alors je prends naissance. Pour la libération des bons, pour la destruction de ceux qui font le mal, pour mettre sur le trône la justice, Je prends naissance d'âge en âge. Celui qui connaît ainsi dans leurs justes principes Ma divine naissance et Mon Œuvre Divine, celui-là, quand il abandonne son corps il n'a pas à renaître, il vient à Moi, ô Arjuna. Délivrés de l'attraction et de la peur et de la colère, pleins de Moi, prenant refuge en Moi, beaucoup d'êtres purifiés par l'austérité de la connaissance sont arrivés à Ma nature d'être. »
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« Même si tu es le plus grand pécheur par-delà tous les pécheurs, tu franchiras tout le mal tortueux dans la nef de la Connaissance. Comme un feu attisé réduit son bois en cendres, ô Arjuna, ainsi le feu de la Connaissance réduit en cendres toutes les œuvres. Il n'est rien au monde qui soit égal en pureté à la Connaissance ; l'homme rendu parfait par le Yoga découvre cela dans le Moi, de Lui-même, avec le temps. Celui qui a foi, qui a conquis et maîtrisé son mental et ses sens, qui a fixé tout son être conscient sur la Réalité suprême, celui-là atteint la Connaissance ; et, ayant atteint la Connaissance, il va rapidement à la Paix Suprême. »
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« L’ignorant sans foi, l’âme de doute, va à la perdition ; ni ce monde, ni le Monde Suprême, ni aucun bonheur n’est pour l’âme pleine de doutes. Celui qui a détruit tout doute par la Connaissance, qui a par le Yoga abandonné toutes les œuvres et qui est en possession du Moi n’est pas enchaîné par ses œuvres, ô Dhananjaya. C’est pourquoi, ayant par l’épée de la Connaissance, tranché ce doute qu’a soulevé ton ignorance et qui loge en ton cœur, aie recours au Yoga, ô Bhârata, et lève-toi. »
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CHAPITRE 5
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« L’Impersonnel qui pénètre tout n’admet ni le péché ni la vertu de quiconque ; la Connaissance est enveloppée d’ignorance ; c’est pourquoi les créatures sont égarées. »
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« Tournant leur mental discriminateur vers Cela, dirigeant tout leur être conscient vers Cela, faisant de Cela leur but unique et le seul objet de leur dévotion, ils vont là d’où il n’est point de retour, leurs péchés lavés par les eaux de la Connaissance. »
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« Quand un homme M’a connu comme Celui qui jouit du Sacrifice et de tout tapasya, le Seigneur puissant de tous les mondes, l’Ami de toutes les créatures, il vient à la Paix.
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CHAPITRE 6
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« Celui qui accomplit l’œuvre qui lui incombe sans nul souci des fruits de l’œuvre, celui-là est le sannyâsin et le yogin, non l’homme qui n’allume pas le feu du sacrifice et ne fait pas les œuvres. Ce qu’on a appelé renonciation, sache-le, c’est en vérité le Yoga, ô Pândava ; car nul ne devient yogin qui n’a renoncé en son mental à la volonté-désir. »
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« Par le moi tu dois délivrer le moi, tu ne dois pas déprimer ni abaisser le moi, car le moi est l’ami du moi et le moi est l’ennemi. Le moi est un ami pour l’homme en qui le moi inférieur a été conquis par le moi supérieur ; mais pour celui qui n’est pas en possession de son moi supérieur, le moi inférieur est comme un ennemi et il agit en ennemi. »
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« Quand un homme a conquis son moi et atteint au calme d’une maîtrise de soi, d’une possession de soi parfaites, alors son Moi Suprême a une base et un équilibre dans le froid et le chaud, le plaisir et la peine aussi bien que dans l’honneur et le déshonneur. »
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« Le yogin qui est satisfait de la Connaissance de soi, tranquille, qui a réalisé son propre équilibre, maître de ses sens, considérant d’un œil égal la motte d’argile et la pierre et l’or, on dit qu’il est en Yoga. Celui qui est égal en son âme envers l’ami et l’ennemi, et aussi envers le neutre et l’indifférent, le pécheur et le saint, celui-là excelle. »
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CHAPITRE 7
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« Les cinq éléments, le mental, la raison, l’ego, telle est Ma nature divisée, octuple. Celle-là, c’est l’inférieure. Mais connais Mon autre nature, différente de celle-là, ô guerrier au bras puissant, la Suprême qui devient le jîva et par laquelle ce monde est soutenu. Sache que c’est la matrice de tous les êtres. Je suis la naissance du monde entier et donc aussi sa dissolution. Au-delà de Moi, ô Dhananjaya, rien ne règne suprême. Sur Moi tout ce qui est en ce monde est enfilé comme des perles sur un fil. »
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« Parmi les vertueux qui se tournent vers Moi avec dévotion, ô Arjurna, il y a quatre sortes de bhaktas : ceux qui souffrent, ceux qui cherchent le bien dans le monde, ceux qui cherchent la Connaissance et ceux qui M'adorent avec la Connaissance, ô seigneur des Bhâratas. Parmi eux, celui-là est le meilleur qui a la Connaissance qui est toujours en union constante avec le Divin, dont la bhakti est toute concentrée sur Lui ; il a pour Moi parfait amour et il est Mon bien-aimé. Nobles sont-ils, tous sans exception, mais celui qui a la Connaissance est en vérité Moi-même ; car pour son but suprême, il M'accepte, Moi, le Purushottama, avec qui il est en union. Après de nombreuses naissances, l'homme de connaissance atteint à Moi. Très rare est la grande âme qui sait que Vâsudéva, l'Etre omniprésent, est tout ce qui est. »
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« Les petits esprits pensent de Moi, le non-manifesté, que je suis limité par la manifestation, parce qu’ils ne connaissent pas Ma nature d’être suprême, impérissable, d’une absolue perfection. Je ne suis pas non plus révélé à tous, enveloppé que Je suis dans Ma yogamâyâ ; ce monde égaré ne Me connaît pas, Moi, le non-né, l’impérissable. »
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« Je connais toutes les existences passées, et toutes les existences présentes et futures, ô Arjuna, mais Moi, nul encore ne Me connaît. Par le mirage des dualités, qui provient du désir et de la répulsion, ô Bhârata, toutes les existences dans la création sont conduites à l’égarement. Mais ces hommes aux actions vertueuses, en qui le péché a pris fin, ceux-là, libérés du mirage des dualités, M’adorent, fermes dans le vœu de consécration de soi. »
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« Ceux qui ont recours à Moi comme refuge, ceux qui se tournent vers Moi dans leur effort spirituel vers la délivrance de la vieillesse et de la mort, ceux-là en viennent à connaître ce Brahman et toute la plénitude de la nature spirituelle et l’intégralité du karma. »
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« Parce qu’ils Me connaissent et qu’ils connaissent en même temps la nature d’être matérielle et la nature d’être Divine, et la Vérité du Maître du sacrifice, ils conservent aussi la connaissance de Moi au moment critique de leur départ de l’existence physique, et ils ont à ce moment leur conscience entière en union avec Moi. »
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CHAPITRE 8
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« L’Akshara est le suprême Brahman ; le svabhâva est appelé adhyâtma, karma est le nom donné au mouvement créateur qui fait venir à l’existence tous les êtres et leurs états subjectifs et objectifs. Adhibhûta est kshrobhâva, Adhidaiva est le Purusha, Je suis Moi-même le Seigneur du sacrifice, adhiyajna, ici dans le corps, ô toi, le meilleur des êtres incarnés. »
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« Quiconque abandonne son corps et s’en va pensant à Moi au moment de sa fin, vient en Ma condition d’être ; on n’en saurait douter. Quiconque à la fin abandonne le corps, attachant sa pensée sur quelque forme d’être, celui-là atteint, ô Kaunteya, à la forme dans laquelle l’âme croissait intérieurement, à chaque instant, durant la vie physique. Aussi, à tout moment, souviens-toi de Moi et lutte ; car si ton mental et ton entendement sont toujours fixés sur Moi et donnés à Moi, à Moi sûrement tu viendras. Car c’est en pensant toujours à Lui, la conscience unie en un Yoga sans défaillance et de pratique constante, que l’on vient au divin et suprême Purusha, ô Pârtha. »
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« Ce Moi suprême est le Voyant, l’Ancien des jours, plus subtil que le subtil et le Maître et le Régent de toute existence qui met à leur place dans son être toutes les choses qui sont. Sa forme est impensable, Il est resplendissant comme le soleil au-delà des ténèbres ; celui qui attache sa pensée sur ce Purusha au moment du départ, le mental immobile, l’âme armée de la force du Yoga, uni avec Dieu en Bhakti et la force de vie entièrement attirée et fixée entre les sourcils au siège de la vision mystique, celui-là atteint à ce Divin Purusha Suprême. »
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« Cette Ame Suprême est le Brahman immuable existant en soi dont parlent ceux qui connaissent le Véda et c’est Cela en quoi entrent ceux qui pratiquent l’ascèse quand ils ont passé par-delà les affections du mental mortel et pour le désir de quoi ils exercent la maîtrise des passions corporelles ; cette condition Je te l’exposerai brièvement. Les portes des sens toutes closes, le mental enfermé dans le cœur, la force de vie élevée dans la tête hors de son mouvement dispersé, l’intelligence concentrée sur l’émission de la syllabe sacrée AUM et sur sa pensée féconde, dans le souvenir de la Divinité Suprême, celui qui s’en va ainsi, abandonnant le corps, atteint à la plus haute condition. »
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« Celui qui se souvient de Moi sans cesse, ne pensant à nul autre, le yogin qui est en union constante avec Moi, ô Pârtha, Me trouve facile à atteindre. Etant venues à Moi, ces grandes âmes ne reviennent pas à la naissance, condition transitoire et pénible de notre être mortel ; elles parviennent à la suprême perfection. Les cieux suprêmes du plan cosmique sont sujets à un retour à la naissance, mais ô Kaunteya, il n’est point de renaissance imposée à l’âme qui vient à Moi (le Purushottama). »
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« Ceux qui connaissent le jour de Brahmâ qui dure mille âges et sa nuit qui ne prend fin qu’après mille âges, ceux-là connaissent le jour et la nuit. Avec la venue du jour, toutes les manifestations naissent à l’existence hors du non-manifesté ; à la venue de la nuit, tout se dissipe ou se dissout en Lui. Cette multitude d’êtres, inévitablement, entre sans cesse dans le devenir, se dissout à la venue de la nuit, ô Pârtha et naît à l’existence à la venue du jour. »
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« Mais ce non-manifesté n’est pas la divinité originelle de l’Etre ; il y a un autre état de son existence, un non-manifesté supra-cosmique par-delà cette non-manifestation cosmique qui n’est pas contraint de périr quand périssent toutes ces existences. On l’appelle le non-manifesté immuable ; de Lui on parle comme de l’âme et de la condition suprêmes et ceux qui atteignent à Lui point ne reviennent ; telle est la suprême demeure de Mon être. Mais ce Suprême Purusha doit être conquis par une bhakti concentrée sur Celui-là seul en qui existent tous les êtres et par qui tout ce monde a été étendu dans l’espace. »
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CHAPITRE 9
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« Ce que je vais te dire, à toi qui ne t'adonnes point aux critiques vaines, c'est le plus secret de tout, la connaissance essentielle, avec aussi la connaissance totale, par quoi, la connaissant, tu seras libéré du mal. C'est la Connaissance Royale, le Royal Secret, c'est une Pure et Suprême Lumière que l'on peut vérifier par l'expérience spirituelle directe, c'est la connaissance juste et vraie, la loi même de l'être. Elle est facile à mettre en pratique et impérissable. Mais il y faut la foi. L'âme qui n'a pas foi dans la Vérité et la loi supérieures, ô Parantapa, n'atteignant pas à Moi, devra retourner dans la voie de la vie mortelle ordinaire. »
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« Par Moi tout cet univers a été étendu dans l'ineffable mystère de Mon Etre ; toutes les existences sont situées en Moi et non Moi en elles. Et cependant toutes les existences ne sont pas situées en Moi. Vois Mon Divin Yoga ; Mon Moi est la source et le support de toutes les existences et Il n’est pas situé dans les existences. »
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« Ainsi que demeure en l’éther le grand, le tout-pénétrant principe air, ainsi toutes les existences demeurent en Moi ; c’est ainsi que tu dois le concevoir. Toutes les existences, ô Kaunteya, retournent en Ma Divine Nature dans le cours du cycle ; au commencement du cycle nouveau Je les projette. M’appuyant, pressant sur Ma propre Nature, Je crée cette multitude d’existences, toutes irrémédiablement sujettes à la domination de la nature. Et ces œuvres point ne M’enchaînent ô Dhanajaya, car Je Me tiens au-dessus d’elles comme indifférent, non attaché à ces actions. Je suis la maîtrise qui préside à Ma propre action de la nature, non point un esprit né en elle, mais l’Esprit créateur qui lui fait produire tout ce qui apparaît en manifestation. A cause de cela, ô Kaunteya, le monde procède par cycles. »
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« Ceux qui sont dans l’erreur Me méprisent logé dans le corps humain, parce qu’ils ne savent pas Ma suprême nature d’être, à Moi qui suis le Seigneur de toutes les existences. Toute leur action, toute leur connaissance, tout leur espoir sont vains ; ils demeurent dans la nature râkshasique et asurique qui égare la volonté et l’intelligence. »
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« Ceux dont l'âme est grande, ô Pârtha, qui demeurent dans la nature Divine, ceux-là Me connaissent comme l'Impérissable, et, Me connaissant tel, ils se tournent vers Moi d'un amour unique et entier. Toujours M'adorant, persévérant dans leur effort spirituel, se prosternant devant Moi avec dévotion, ils Me rendent un culte en un constant Yoga. »
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« Celui qui M'offre avec dévotion une feuille, une fleur, un fruit, une coupe d'eau - cette offrande d'amour, venue d'une âme qui s'efforce, M'est agréable. Quoi que tu fasses, de quoi que tu jouisses, quoi que tu sacrifies, quoi que tu donnes, quelque énergie de tapasya que tu déploies, de volonté ou d'effort d'âme, fais-en une offrande à Moi. Ainsi tu seras libéré des résultats bons ou mauvais qui constituent les chaines de l'action ; ton âme en union avec le Divin par la renonciation, tu deviendras libre et parviendras à Moi. Je suis égal en toutes les existences, nul ne M'est cher, nul par Moi n'est haï ; cependant ceux qui se tournent vers Moi avec amour et dévotion, ils sont en Moi et Je suis aussi en eux. »
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CHAPITRE 10
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« Celui qui Me connaît comme le non-né, sans origine, Seigneur souverain des mondes et des peuples, celui-là vit sans égarement parmi les mortels, et il est délivré de tout péché et de tout mal. »
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« Compréhension et Connaissance et Libération de l’égarement de l’ignorance, pardon et Vérité et domination de soi, et calme de la maîtrise intérieure, affliction et plaisir, venue à l’existence et destruction, peur et intrépidité, gloire et ignominie, non-violence et équanimité, contentement et austérité et charité, toutes ces choses en leur diversité séparée sont des devenirs subjectifs d’existences, et toutes procèdent de Moi. Les grands Rishis, les sept Anciens du monde, et aussi les quatre Manous, sont les devenirs de Mon intelligence ; d’eux émanent toutes ces créatures vivantes dans le monde. »
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« Celui qui connait en leurs justes principes ceci Ma Souveraineté qui tout pénètre, et ceci Mon Yoga, s’unit à Moi par un Yoga qui ne temple pas ; on n’en saurait douter. Je suis la naissance de toute chose, et de Moi tout émane pour se développer en action et mouvement ; comprenant cela, les sages M’adorent dans le ravissement. Leur conscience pleine de Moi, leur vie entièrement donnée à Moi, s’illuminant les uns les autres, ne s’entretenant que de Moi, ils sont à jamais satisfaits et joyeux. »
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« A ceux qui sont ainsi en union constante avec Moi, et qui M’adorent en un délice intense d’Amour, Je donne le Yoga de la compréhension, , par lequel ils viennent à Moi. Par compassion pour eux, logé en leur moi, Je détruis par la lampe resplendissante de la Connaissance les ténèbres nées de l’ignorance. »
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« Je suis, ô Gudâkesha, le Moi, qui siège au cœur de toutes les créatures ; Je suis le commencement et le milieu et la fin de tous les êtres. »
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« Tout être de gloire et de beauté que tu vois dans le monde, tout être de puissance et de force, sache qu’il est une splendeur, une lumière, une énergie de Moi, née d’une parcelle puissante et d’un pouvoir intense de Mon existence. »
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CHAPITRE 12
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« Ceux qui établissent en Moi leur esprit et qui, par une constante Union, possédés d’une foie suprême, Me cherchent, ceux-là Je les tiens pour le plus parfaitement unis en Yoga. Mais ceux qui cherchent le non-manifesté indéfinissable, immuable, omniprésent, impensable, tenant de soi son équilibre, immobile, constant, ceux-là aussi, par la maîtrise de tous leurs sens, par l’égalité de leur compréhension, par leur vision d’un moi unique en toutes choses, et par la bienveillance tranquille de leur silencieuse volonté appliquée au bien de toutes les existences, ceux-là aussi arrivent à Moi. »
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« Pour ceux-là qui se consacrent à la quête du Brahman non-manifesté, la difficulté est plus grande ; les âmes incarnées n’y peuvent atteindre que par une mortification constante, une souffrance de tous les éléments réprimés, une peine austère et une angoisse de la nature. Mais ceux qui M’abandonnant toutes leurs actions et entièrement dévoués à Moi, M’adorent, méditant sur Moi en un Yoga sans défaillance, ceux qui fixent sur Moi leur conscience entière, ô Pârtha, rapidement Je les délivre de l’océan de l’existence enchainée à la mort. »
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« Sur Moi repose tout ton esprit, et loge en Moi tout ton entendement ; ne doute pas que tu doives demeurer en Moi par-delà cette existence mortelle. »
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« Celui qui n'a ni égoïsme, ni sens de « moi » et de « mien », qui a pitié et amitié pour tous les êtres et n'a de haine pour nulle chose vivante, qui a dans le plaisir et la peine une égalité tranquille, qui a patience et miséricorde, celui qui a un contentement sans désir la maîtrise constante du moi et la volonté et la résolution fermes et inébranlables du yogin et un amour et une dévotion qui M'abandonnent tout le mental et toute la raison, celui-là M'est cher. Celui par qui le monde n'est affligé ni troublé, qui non plus n'est affligé ni troublé par le monde, qui s'est libéré de la trouble agitation de la nature inférieure et de ses vagues de joie et de peur et d'anxiété et de ressentiment, celui-là M'est cher. Celui qui ne désire rien, qui est pur, habille en tous ses actes, indifférent à tout ce qui vient, qui n'est peiné ni affligé par aucun résultat, aucun événement, qui a renoncé à toute initiative d'action, celui-là, Mon dévot, M'est cher. Celui qui ne désire pas le plaisant et ne se réjouit à son contact, ni n'abhorre le déplaisant et ne s'afflige à son contact, celui qui a aboli la distinction entre événements heureux et malheureux, celui-là M'est cher. Egal envers l'ami et l'ennemi, égal dans l'honneur et l'insulte, le plaisir et la peine, la louange et le blâme, l'affliction et le bonheur, le chaud et le froid, silencieux, content et satisfait de toute chose et de chaque chose, non attaché ni à un être, ni à une chose, un lieu, un foyer, ferme en son esprit, cet homme M'est cher. Mais bien plus chers Me sont ces dévots qui font de Moi leur but unique suprême et qui suivent jusqu'au bout, avec une foi et une exactitude parfaites, le Dharma décrit en cet enseignement et qui mène à l'immortalité. »
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CHAPITRE 13
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« Ce corps, ô fils de Kunti, est appelé le champ ; Ce qui prend connaissance du champ est appelé par les sages « le Connaissant du champ ». Comprends-Moi comme le Connaissant du Champ en tous les champs, ô Bhârata ; c’est la connaissance du champ et son Connaissant à la fois qui est la vraie illumination et la seule sagesse. »
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« D’abord vient l’énergie non-manifestée non-discriminée ; puis le résultat de l’évolution objective de cette énergie, les cinq états élémentaux de la matière ; ensuite le résultat de son évolution subjectives, les dix sens et l’unique mental, l’intelligence et l’ego ; enfin, les cinq objets des sens. Attraction et aversion, plaisir et douleur, conscience, position, persistance ; tel est brièvement décrit, ce qui constitue le champ et ses déformations. Une absence totale d’orgueil et d’arrogance, la non-violence, une âme candide, un cœur tolérant, bienveillant, patient à la souffrance, la pureté de l’esprit et du corps, la fermeté tranquille et la stabilité, la maîtrise de soi et la domination souveraine de la nature inférieure, et l’adoration du cœur donnée au Maître ; L’attraction de l’être naturel aux objets des sens résolument ôtée, l’élimination radicale de l’égoïsme, l’absence d’attachement aux possessions, aux absorptions de la famille et du foyer, une perception aiguë de l’infirmité de la vie ordinaire de l’homme physique, avec sa sujétion douloureuse et sans but à la naissance et à la mort et à la maladie et à la vieillesse, une égalité constante en tous les événements plaisants ou déplaisants ; Un esprit méditatif tourné vers la solitude et qui s’écarte du vain bruit des foules et des assemblées des hommes, une perception philosophique du vrai sens et des vastes principes de l’existence, une tranquille continuité de connaissance et de lumière intérieures spirituelles, le Yoga d’une dévotion sans défaillance, l’amour de Dieu, l’adoration constante et profonde de la Présence universelle et éternelle - telle est déclarée la Connaissance ; tout ce qui est opposé à cela est ignorance. »
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CHAPITRE 14
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« Je te proclamerai encore pour toi la Connaissance Suprême – le plus haut de tous les savoirs – telle que, la connaissant, tous les sages s’en sont allés à la perfection suprême. Ayant pris refuge en cette connaissance, étant devenus de même nature et de même loi d’être que Moi, ils ne naissant plus dans la création, ni ne sont tourmentés par l’angoisse de la dissolution universelle. Ma matrice est le Mahad Brahman ; en elle Je jette la semence ; d’elle sortent tous les êtres, ô Bhârata. Quelles que soient les formes produites par quelque matrice que ce soit, ô Kaunteya, le Mahad Brahman est leur matrice, et Je suis le Père qui jette la semence. Les trois gunas nés de Prakriti, sattva, rajas, et tamas enchaînent dans le corps, ô toi au bras puissant, l’Habitant impérissable du corps. D’entre eux, sattva, par la pureté de sa nature, est une source de lumière et d’illumination, et par la vertu de cette pureté ne cause en la nature ni maladie, ni morbidité, ni souffrance ; il enchaîne par l’attachement à la connaissance et par l’attachement au bonheur, ô toi sans péché. Rajas, sache-le, a pour essence l’attrait de l’affection et du désir, c’est un enfant de l’attachement de l’âme au désir des objets. Par l’attachement aux œuvres, ô Kaunteya, il enchaîne l’esprit incarné. Mais tamas, sache-le, né de l’ignorance, est ce qui leurre tous les êtres incarnés ; il enchaîne par la négligence, l’indolence et le sommeil, ô Bhârata. Sattva attache au bonheur, rajas à l’action, ô Bhârata ; tamas voile la connaissance et attache à la négligence de l’erreur et à l’inaction. Tantôt c’est sattvaqui l’emporte, ayant dominé rajas et tamas, ô Bhârata ; tantôt rajas, ayant dominé sattva et tamas ; et tantôt tamas, ayant dominé sattvaet rajas. Quand, par toutes les portes du corps, viennent des flots de lumière, lumière de compréhension, de perception et de connaissance, on doit comprendre qu’il y a eu dans la nature un grand accroissement, une élévation du guna sattvique. Appétits, impulsion de convoitise, initiative d’actions, inquiétude, désir – c’est ce qui monte en nous quand s’accroit rajas. Non-connaissance, inertie, négligence et aberration – c’est ce qui naît quand tamas prédomine, ô joie des Kurus. »
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« Celui qui, fermement établi, et comme siégeant au-dessus, bien haut, n’est pas ébranlé par les gunas ; qui, voyant que l’action procède des gunas, se tient à part, impassible ; Celui qui regarde d’un œil égal le bonheur et la souffrance, pour qui l’or et la boue et la pierre sont d’égale valeur, pour qui sont égaux le plaisant et le déplaisant, la louange et le blâme, l’honneur et l’insulte, la faction de ses amis et la faction de ses ennemis ; qui est fermement établi dans une quiétude, un calme intérieurs imperturbables, inaltérables ; qui ne prend l’initiative d’aucune action – on dit qu’il est au-dessus des gunas. Celui-là aussi qui M’aime et s’efforce vers Moi avec une adoration, un amour sans défaillance, il passe au-delà des trois gunas et lui aussi est prêt à devenir le Brahman. Je suis la base du silencieux Brahmâ, de l’immortalité et de l’existence spirituelle impérissable, du Dharma éternel et d’une entière félicité de bonheur. »
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CHAPITRE 15
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« Etre libéré de l’égarement de cette Mayâ inférieure, sans égoïsme, la grande erreur de l’attachement vaincue, tous les désirs calmés, la dualité de joie et de peine répudiée, être établi toujours en une conscience spirituelle – telles sont les étapes sur la voie de cet Infini suprême. C’est là qu’on trouve l’être hors du temps, qui n’est pas illuminé par le soleil ou la lune ou le feu ; pour qui est sur cette voie, il n’est point de retour ; telle est la condition éternelle suprême de Mon Etre. C'est une éternelle portion de Moi qui devient le jîva dans le monde des créatures vivantes et qui cultive les pouvoirs subjectifs de Prakriti, le mental et les cinq sens. Quand le Seigneur revêt ce corps, Il y apporte avec Lui le mental et les sens, et en Son départ aussi, Il S'en va les emportant, comme le vent emporte d'un vase les parfums. L'oreille, l'œil, le toucher, le goût et l'odorat, Il les emploie et aussi le mental et jouit des objets du mental et des sens, Lui, l'Ame qui habite au dedans et au-dessus. Ceux qui sont dans l'erreur ne Le perçoivent pas en Sa venue, ni en Son départ, ni en Son séjour et Sa jouissance et Sa qualité assumée ; ceux-là Le perçoivent qui ont l'œil de la Connaissance. »
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« La lumière du soleil qui illumine tout ce monde, ce qui est dans la lune et dans le feu, cette lumière, sache qu’elle vient de Moi. Je suis enté en cette forme de terre et Je soutiens par Ma puissance ces multitudes. Je suis la Divinité Soma qui par le rasa, nourrit toutes les plantes et tous les arbres. Devenu flamme de vie, Je soutiens le corps physique des créatures vivantes, et, uni avec prâna et apâna, Je digère les quatre sortes de nourriture. »
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CHAPITRE 18
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« Avec en toute chose une compréhension sans attachement, avec une âme souveraine d’elle-même et vide de désir, l’homme atteint par la renonciation à la perfection suprême de naishkarmya. Comment, parvenu à cette perfection, on parvient au Brahman, entends-le de Moi ô fils de Kunti, ce qui est l’ordre suprême, condensé de la Connaissance. Unifiant l’intelligence purifiée avec la pure substance spirituelle en lui, maîtrisant l’être entier par une volonté ferme et stable, ayant renoncé au son et aux autres objets des sens, se retirant de toute affection et de toute aversion, recouvrant à l’impersonnelle solitude, sobre, ayant maîtrisé la parole, le corps et le mental, constamment uni par la méditation avec son moi le plus profond, renonçant complétement au désir et à l’attachement, rejetant égoïsme, violence, arrogance, désir, courroux, sens et instinct de possession, délivré de tout sens de « moi » et de « mien », calme et lumineusement impassible – un tel homme est prêt pour devenir le Brahman. Quand un homme est devenu le Brahman, quand dans la sérénité du moi, il ne s'afflige ni ne désire, quand il est égal envers tous les êtres, alors il obtient le suprême amour et la dévotion pour Moi. Par la dévotion il en vient à Me connaître, à connaître qui Je suis et combien Je suis et en la réalité entière et en tous les principes de Mon être ; M'ayant ainsi connu, il entre en Cela (le Purushottama). Et s'il fait ainsi toutes les actions en demeurant toujours logé en Moi, il atteint par Ma grâce la condition éternelle et impérissable. »
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« Te vouant entièrement à Moi, abandonnant consciemment toutes tes actions à Moi, recouvrant au Yoga de la volonté et de l'intelligence, sois toujours en ton cœur et ta conscience Un avec Moi. Si, en tous temps, tu es Un avec Moi en ton cœur et ta conscience, alors, par Ma grâce, tu les franchiras sauf, tous les passages difficiles et périlleux ; mais si, à cause de ton égoïsme, tu n'entends pas, tu tomberas dans la perdition. »
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« Le Seigneur se tient au cœur de toutes les existences, ô Arjuna et Il les fait tourner et tourner montées sur une machine par le moyen de Sa Mâyâ. En Lui prends refuge, en toutes les voies de ton être et par Sa grâce tu parviendras à la Paix suprême et à la condition éternelle. Ainsi t'ai-Je exposé une connaissance plus secrète que celle-là même qui est cachée ; ayant pleinement réfléchi sur elle, agis comme tu le voudras. Et maintenant entends la parole suprême, la parole la plus secrète, que Je vais te dire ; tu es Mon bien-aimé intimement ; c'est pourquoi Je parlerai pour ton bien. Emplis de Moi ta pensée, deviens Mon amant et Mon adorateur, sacrifie à Moi, sois prosterné devant Moi, à Moi tu viendras, c'est l'assurance que Je te fais, car tu M'es cher. Abandonne tous les dharmas et prends refuge en Moi seul, Je te délivrerai de tout péché et de tout mal, ne t'afflige point. Cela, jamais tu ne devras le dire à ce qui est sans ascèse, à qui est sans dévotion, à qui ne se voue à servir ; ni non plus à qui Me méprise et Me rabaisse. Celui qui, avec la plus haute dévotion pour Moi, proclamera parmi Mes dévots ce secret suprême, sans aucun doute il viendra à Moi. »